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Critique de Batman - Année Deux

par Le Doc le mar. 19 janv. 2021 Staff

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Année deux

Dans la deuxième moitié des années 80, la saga événement La Crise des Terres Multiples a sonné le glas du compliqué Multivers DC, en remplaçant les différentes terres alternatives par une réalité à l'histoire altérée. De nombreuses origines ont été revues et corrigées, un exercice de continuité rétroactive réalisé avec plus ou moins de bonheur selon les personnages. Batman a été très bien loti, avec l'excellent arc narratif Batman : Année Un de Frank Miller et David Mazzuchelli publié dans quatre épisodes de la série Batman en 1987. L'éditeur ne s'est pas arrêté là puisque l'"Année Deux" a été racontée dès le mois suivant dans l'autre série du Chevalier Noir, Detective Comics

Batman : Year Two a été confié à l'équipe qui était déjà en place depuis Detective Comics #569, Mike W. Barr, Alan Davis et Paul Neary. Comme l'a confié le scénariste dans sa préface, Mike W. Barr a réutilisé certains éléments d'une proposition précédemment refusée qu'il avait intitulée Batman 1980 et confronté Batman à un personnage qui pourrait être comparé à une sorte de double négatif du héros : le Faucheur, un justicier qui sévissait à Gotham vingt ans plus tôt et qui n'hésite pas à tuer pour purger sa ville du mal. Le Faucheur est de retour et pour l'arrêter Batman va devoir prendre des décisions qui vont le mener sur un chemin tortueux.

La couverture de Batman #575 montre le Dark Knight armé d'un flingue, image qui peut paraître étonnante si on a oublié que l'engin faisait partie de l'arsenal de Batman à ses débuts. Sauf que cette fois-ci, l'utilisation le confronte à son traumatisme fondateur, son plan pour retrouver et arrêter le Faucheur l'amenant à croiser le chemin de l'homme qui a abattu ses parents, Joe Chill. S'il n'est pas totalement maîtrisé, le scénario de Mike W. Barr propose des choses intéressantes (place de l'amour et de la religion dans le destin et les croisades personnelles des protagonistes, tensions dans la dynamique entre Batman et James Gordon...) qui auront des influences par la suite, notamment sur l'univers du dessin animé des années 90 avec Batman contre le Fantôme Masqué

ll est tout de même dommage que la partie graphique soit si irrégulière. Suite à un désaccord avec le responsable éditorial (qui a retouché sans le prévenir la couverture de Detective Comics #575), Alan Davis claque la porte et Paul Neary le suit. Il est remplacé par un petit jeune nommé Todd McFarlane pour un résultat pas toujours convaincant : le créateur de Spawn est d'abord encré par Alfredo Alcala et même si j'aime beaucoup ce dernier sur ses Conan par exemple, je trouve que leurs styles ne s'accordent pas. Cela s'arrange au dernier chapitre, avec un McFarlane qui s'encre lui-même...c'est plus rugueux, plus nerveux et plus adapté à l'atmosphère du récit. Et la planche finale, avec la cape du Batman qui déchire la nuit, porte bien la marque de ses futurs travaux.

Quatre ans après ce petit "couac", Alan Davis a tout de même accepté de refaire équipe avec Mike W. Barr pour une suite, Cercle Vicieux. Et bien lui en a pris car j'adore tout ce qu'il faisait à cette époque. Le dessinateur britannique est aussi à l'aise dans les passages les plus sombres, dans l'atmosphère des ruelles glauques de Gotham que dans la légèreté, le dynamisme, les sourires et le côté bondissant apporté par Robin qui venait alors juste de rejoindre Batman dans sa guerre contre le mal. De très, très belles pages, grâce au duo formé avec un autre de ses collaborateurs réguliers, l'excellent Mark Farmer. 

Mike W. Barr avait tout fait pour rendre accessible ce récit aux lecteurs qui n'avait pas découvert Year Two (ce qui était mon cas lors de ma première lecture dans une revue Semic). Les renvois aux quatre épisodes de Detective Comics posent bien le contexte de cette deuxième partie qui voit le Faucheur revenir pour exercer à nouveau sa propre forme de justice. La lecture est prenante malgré là encore quelques maladresses (l'utilisation des enfants de Joe Chill, leurs motivations, la forme que prend leur vengeance...). Mais la boucle est bouclée, avec une action symbolique en dernière page....

...ce qui rend l'épisode inédit disponible en fin de volume anecdotique et répétitif. Mike W. Barr était revenu sur la saga du Faucheur en 2011 à l'occasion d'une série de one-shots intitulée DC Retroactive mais malgré des dessins solides de Jerry Bingham (pas très fan de la colorisation par contre), ce très faible chapitre supplémentaire ne s'imposait pas.

En bref

Je trouve cela toujours aussi délicat de donner une note à un ensemble inégal, mais "Year Two" reste un moment important de la carrière du Dark Knight...et les dessins de Alan Davis justifie à eux seuls l'achat (pour ceux qui n'ont pas les éditions précédentes bien sûr) de cette nouvelle entrée de la collection "DC Confidential".

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