Placide désobéissance
José-Louis Manuera illustre avec justesse la nouvelle d’Herman Melville. Comme un récit fantastique, l’histoire démarre dans un cadre réel, tout ce qu’il y a de plus rébarbatif. Au sein du quartier de Wall Street, un notaire surchargé de travail accueille dans son étude un nouveau scribe. Dès son apparition, et l’on peut saluer la prouesse graphique de Munuera, on sent un insondable mystère dans cet être longiligne, effacé, quasi mutique. Puis, par l’entremise d’une simple phrase, que Bartleby répète à l’envie en guise de réponse aux sollicitations, narrateur et lecteur basculent vers la circonspection, l’interrogation, puis l’angoisse.
Quelques mots d’une puissance inertielle infinie ont suffi. Pas un réel refus, plutôt un évitement.
Ce conte aux multiples interprétations est servi par un dessin doux, sensible, ambivalent, entre le réalisme de la ville bruyante ou le calme de l’étude notariale et l’extrême poésie d’une case aux larmes de neige, qui recouvrent le corps d’incompréhension.
Je vous invite à parcourir cette BD, à faire votre les interrogations légitimes et effrayantes de la postface. Bartleby le scribe a peut-être trouvé sa réponse.
En bref
Illustration BD d’une nouvelle d’Herman Melville.
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