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Critique de Batman Mythology - Gotham City

par Le Doc le lun. 5 avril 2021 Staff

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C'est un monstre agité, spasmodique, vibrant...

Urban Comics a lancé cette année deux nouvelles anthologies consacrées à l'univers de Batman  : Arkham pour la galerie de vilains et la bien-nommée Mythology pour les thèmes et figures emblématiques de la mythologie du Chevalier Noir. Après la Batcave, le deuxième tome de Mythology s'intéresse à l'évolution de la ville de Gotham. Bien pensé, le sommaire s'articule autour de trois parties précédées d'un texte de présentation et les histoires choisies sont en grande partie inédites (les deux qui ne le sont pas sont assez rares car jamais rééditées depuis les années Sagédition).

Dans les comics, la ville où opèrent Batman et Robin a attendu plusieurs mois avant de recevoir un nom officiel. Bill Finger a révélé dans une interview avoir trouvé le nom de Gotham dans un annuaire de New York, ce qui n'est guère étonnant tant Gotham, à l'origine un village britannique rendu célèbre par des légendes locales, est lié à la ville qui ne dort jamais. C'est l'écrivain Washington Irving qui a pour la première fois appelé New York "Gotham" (la ville des fous) dans un périodique satirique et on peut voir Gotham City comme une fusion de Chicago et de New York...mais uniquement à la nuit tombée (il existe une phrase souvent reprise : "Metropolis est New York le jour et Gotham est New York la nuit").

La lecture débute par deux histoires des années 40, le Batman #4 (qui voit donc Gotham être nommée pour la première fois) et le Batman #30, dédié aux travailleurs de nuit que croisent Batman et Robin pendant leurs rondes (puisqu'on vous dit que la ville ne dort jamais). Dans cette première décennie, la représentation conservait encore une certaine atmosphère héritée des films noirs (malgré quelques situations saugrenues...le goût pour les décors démesurés de Dick Sprang s'illustre encore ici). Dans les années 50 par contre, Gotham devient le théâtre de scénarios rocambolesques et colorés bien adaptés à cette époque, comme le montre le "super-spectacle de charité" de World's Finest Comics #86 (à nouveau dessiné par Dick Sprang).

On fait ensuite un saut jusque dans les années 70 avec l'ambiance plus urbaine de La Mort frappe à 00h03, un texte en prose de Dennis O'Neill superbement illustré par Marshall Rogers qui livre une description radicale de Gotham loin de la fantaisie des deux décennies précédentes. La mort des parents de Bruce Wayne prendra une importance symbolique dans un lieu représentatif de la déchéance de la ville, Park Row...l'Allée du Crime. Detective Comics #483, La Malédiction de l'Allée du Crime par O'Neill et le talentueux et méconnu Don Newton, met en avant une personne importante, qui a dédié sa vie aux habitants de ces quartiers insalubres, la dévouée Leslie Thompkins.

Comme toutes les villes, Gotham City évolue et dans les années 90, l'arrivée de nouveaux auteurs et l'influence des films de Tim Burton a donné une nouvelle impulsion aux titres Batman, une vision différente qui s'est nourrie du passé pour préparer le futur. C'est le cas de l'excellente saga Le Démolisseur, répartie entre trois titres, un suspense bien ficelé qui a contribué à faire de la ville un personnage à part entière en faisant ressortir la Gotham des débuts vue par son architecte Cyrus Pinkney comme un ensemble organique. Un triptyque passionnant, qui a très certainement influencé Scott Snyder et Kyle Higgins pour leur Gates of Gotham. Chuck Dixon, prolifique scénariste du Bat-Verse, a aussi sa place dans cette anthologie, avec un bon numéro de Detective Comics situé pendant les heures sombres de l'event Final Night, durant lesquelles les Gothamites tentent difficilement de trouver de l'espoir dans une nuit perpétuelle. 

De l'espoir, les habitants de l'hôtel Terminus (Legends of the Dark Knight #64) n'en ont plus. Hanté par leurs actes, ces hommes et femmes tentent de se "fondre" dans la ville pour se faire oublier et l'utilisation judicieuse de la voix-off par Jamie Delano appuie comme il le faut sur cet aspect désespéré (idéalement servi par le trait de Chris Bachalo) tout en donnant une personnalité distincte à des murs qui ont vu beaucoup (trop) de choses. Par le duo Ed Brubaker/Sean Phillips, Gotham Noir est une relecture réussie du monde batmanien transposé dans les années 40. James Gordon y est le parfait héros désabusé et tragique de film noir et cette version du Chevalier Noir bénéficie d'un visuel aussi simple que frappant. Et pour terminer ce copieux sommaire, des voleurs se rendent compte qu'il est impossible d'échapper au Chevalier Noir dans un récit court certes anecdotique mais qui vaut  le coup pour les très belles planches de Gabriel Hardman.


En bref

Une carte de Gotham City, un texte de Dennis O'Neill à la très belle iconographie (les superbes concepts de Anton Furst pour le premier film Batman) et les biographies des auteurs sont à retrouver en bonus de ce très bon volume !

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