Une bonne introduction au cycle des 4 opéras de Wagner

Cet album reprend les textes des opéras de Richard Wagner constituant le cycle que nous appelons en France : le Ring ou la Tétralogie. Ce cycle est constitué d'un prologue : L'or du Rhin et de 3 "journées" : La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux. Il est basé sur la mythologie germanique (inspirée de la mythologie scandinave) et sur une épopée germanique (voir l'intéressante introduction d'Arnaud Montagne). Comme il est un peu difficile de transcrire un écrit poétique rimant dans une langue différente, le texte reprend les grandes lignes des livrets en les allégeant un peu… Le cycle entier est donné sur 4 représentations et dure au total entre 13h et 14h selon les chefs d'orchestre.

Les mises en scène du Ring ont beaucoup évolué dans le temps. Plutôt statiques et avec des chanteurs habillés de façon très médiévale avec un dragon mécanique aux débuts des représentations, elles se sont parfois allégées de façon considérable comme avec Wieland Wagner à Bayreuth en 1956 pour revenir à des surcharges de décors et d'effets spéciaux plus récemment. En 1976, Patrice Chéreau avait fait scandale avec son barrage sur le Rhin et les ondines habillées en putains de fin XIXe siècle, ses dieux habillés en costumes bourgeois… Plus récemment, j'ai eu la chance ou plutôt la malchance de voir le Ring mis en scène par Günter Krämer (Paris 2010 & 2011) où le Walhalla était un ensemble de gradins de stade, les walkyries étaient devenues des infirmières trainant les corps des héros morts pour essuyer le sang de leurs blessures avant de les réveiller en leur soufflant dans le nez, Fafner n'est plus un dragon mais le roi d'une tribu armée de kalachnikovs ce qui n'empêche pas Siegfried de le tuer avec une simple machette... Il y avait quand même quelques bonnes idées, mais trop peu à mon goût. Heureusement qu'il y avait la musique pour compenser!

Tout cet intermède musical pour dire que cela m'a fait du bien de retrouver des dieux germaniques en armures, des filles du Rhin fluides mais sans queues de poissons, des géants gigantesques, des nibelungen gnomesques, des walkyries à cheval dans les airs et un dragon écailleux au possible… Quel bonheur!

J'avoue que le temps de lecture est moins long que le temps d'écoute (heureusement!) mais il est difficile de rendre en bande dessinée les ouvertures des opéras (quoique l'introduction à la mythologie ouvre l'Or du Rhin et que la fuite de Siegmund sous l'orage du prélude de La Walkyrie dure quelques pages).

Malgré tout, j'ai trouvé les dessins de Gil Kane un peu trop sages, un peu plus de folie aurait été bienvenue. La colorisation de Jim Woodring est en phase avec le côté mythique avec des couleurs éclatantes (parfois un peu trop). Siegmund et Siegfried ressemblent dans leurs physiques à beaucoup de super-héros de divers comics. Les textes adaptés par Roy Thomas et traduits par Alice Ray respectent l'esprit des différents livrets. Il est indispensable de lire l'introduction d'Arnaud Montagne avant de commencer le lecture.

Je ne saurais que vous inciter à écouter autre chose que la sempiternelle chevauchée des walkyries (2e opéra) ou la marche funèbre de Siegfried (4e opéra) ou les murmures de la forêt (3e opéra). Tentez le 1e acte de La Walkyrie qui est pour moi l'une des plus belles parties du cycle avec le dialogue amoureux de Siegmund et Sieglinde.

Le livre lui-même est un objet de grande qualité : belle couverture, beau papier et des encres odorantes à la lecture.

Une très belle introduction à l'épopée des Nibelungen qui donnera peut-envie à certains lecteurs de découvrir les opéras en entier mais comme ils sont présentés : en 4 fois (le dernier dure un peu plus de 4h!). Je vous recommande juste de les voir (par des DVD, par exemple) plutôt que de les écouter.