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Critique de The Voices of a Distant Star

par Tampopo24 le dim. 6 juin 2021 Staff

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L'espoir de retrouver celui qu'on aime

Pika a depuis quelques années une politique d'édition des courts et longs métrages de Makoto Shinkai adapté en manga. Pour ma part, je ne suis pas une fan de ce type d'ouvrage habituellement et je préfère passer mon tour préférant voir la version animée. Mais ici avec Mizu Sahara aux manettes impossible de passer à côté.

Mizu Sahara est un auteur dont j'aime beaucoup la sensibilité que ce soit dans My Girl, Un bus passe ou Le chant des souliers rouges, j'ai été très émue par ses histoires à chaque fois. Il se marie donc à merveille avec la sensibilité peu commune de Makoto Shinkai, qui lui m'a beaucoup fait pleurer avec ses films Your Name et Garden of Words. Ensemble, ça ne pouvait que donner quelque chose de superbe et ce fut le cas, j'ai frôlé le coup de coeur !

The Voices of a Distant Star est une SF mélancolique et plein de poésie qui traite de la question de la séparation avec beaucoup d'émotion et de tendresse. Le ton est lent, nostalgique, un peu triste car les deux protagonistes, qui ont longtemps été très proche, sont désormais séparé par l'espace et le temps. Au début, ils ont de fréquents échanges mais petit à petit ceux-ci s'espacent au fur et à mesure que l'un d'eux s'éloigne dans le vide de l'espace. C'est donc vraiment poignant à suivre.

Les auteurs jouent sur les singularités. Ils opposent le passé et le présent, la vie scolaire et la vie militaire, la vie sur Terre et la vie dans l'espace, celui qui est resté et celle qui est partie. C'est extrêmement bien raconté avec une narration toute douce et émouvante qui joue de cet éloignement progressivement de plus en plus important. Noboru qui est resté sur Terre est celui qui vit le plus mal la chose car c'est pour lui que le temps se distant le plus, mais cela reste compliqué pour Mikako qui connait bien les effets de la vie dans l'espace et des différents bonds spatio-temporels qu'ils font. Leur romance est donc telle celle de Vega et Altaïr avec cet espace et ce temps qui les sépare. 

On est triste pour chacun d'eux. Suivre le quotidien de Noburo rythmé par les messages qu'il reçoit ou non de Mikako est triste. On le voit grandir, un peu à contrecoeur au début, puisqu'il ne veut pas que la distance qui les sépare s'agrandissent. Mais finalement il n'a pas le choix quand le temps le rattrape, sauf qu'il ne sait pas quoi faire de sa vie. Suivre le quotidien de Mikako rythmé par ses entraînements et sa poursuite des Tharsiens, ces extraterrestres qui intriguent tant les puissances humaines, est aussi difficile. La jeune fille est seule, perdue, loin de tout et il faut du temps pour qu'elle trouve des figures auprès desquelles s'épancher. Ce sont deux solitudes différentes qui pourtant nous saisissent à la gorge.

Le récit de Makoto Shinkai (que je n'ai pas vu) mis en scène par Mizu Sahara m'a donc énormément touchée d'un point de vue émotionnel. Il met en jeu des thèmes qui me sont chers en SF : la question de la relativité du temps et ses conséquences mais également celle de l'exploration spatiale. Ce dernier point est l'autre fil rouge de l'histoire. En effet, en arrière-plan nous découvrons que l'humanité à découvert une potentielle autre forme de vie intelligente et qu'ils aimeraient mieux la connaître mais ils s'y prennent très mal pour cela. La question des auteurs autour de la rencontre toujours bancale entre deux générations est donc très intéressante. En effet, pourquoi faut-il toujours que ça finisse mal dans ces cas-là ? Je vous laisse découvrir la poésie et la justesse de leur réponse. 

Pour finir, ce récit bouleversant ne serait rien sans le trait totalement mélancolique esquissé par Mizu Sahara. J'ai de tout temps aimé celui-ci car je lui trouvais une fragilité parfaite pour les récits à fleur de peau qu'il développait. C'est encore le cas ici. L'auteur croque à merveille la mélancolie et la solitude de ses héros, ainsi que leur désir toujours plus fort de recevoir une réponse à leurs espoirs. Le trait est riche, varié et très doux, avec un petit côté âpre correspondant bien à la rudesse du récit ainsi qu'à sa poésie. L'auteur est autant à l'aise dans les scènes tranche de vie sur Terre que dans l'espace, que dans les scènes plus dynamiques (quoique peu nombreuses) de combats spatiaux. 

En bref

Voices of a Distant Star fut donc une merveilleuse découverte pour moi. L'alliance des deux auteurs fut ici parfaite pour ce récit doux, triste et mélancolique sur fond de relativité et d'exploration spatiale qui vient séparer deux potentiels amants. Je n'ai qu'une envie, voir sa version animée !

8
Positif

Un récit mélancolique et poétique

Un dessin doux et âpre à la fois

Une mise en scène lente et entêtant

Un jeu parfait sur les oppositions

Des thèmes de SF parfaitement exploités autour de la relativité et de l'exploration spatiale

Un superbe duo d'auteurs parfaitement trouvé

Negatif

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