La petite histoire dans la grande

À la base, Robinson à Pékin est un roman paru aux Éditions Robert Laffont. C'est la première bande dessinée adaptée de ce support et située dans la catégorie Urban Graphic. Deux autres seraient en préparation, toujours avec Anne Massot (Chronique du 115, une saison à l'ONU). Il y a de forte chance que cela soit cette fois pour les romans « Pékin place Tian An Men » ou encore « Cent drôles d'oiseaux de la forêt chinoise », afin de rester sur le même sujet, et de pouvoir l'explorer de nouveau.

Car, il faut le préciser, Éric Meyer a beaucoup de choses à dire, et son témoignage n'est pas à discuter, il vaut de l'or dans un pays qui, dans les années quatre-vingt, était encore plus fermé qu'aujourd'hui. Notre homme a plusieurs casquettes à son actif. On remarque qu'il était pigiste pour plusieurs journaux locaux, comme Ouest France, ou le Républicain Lorrain, puis rapidement, il devient correspondant indépendant de Pékin, s'étant lassé de son premier métier, comme il le raconte si bien. Et là, ça intéresse beaucoup plus de médias, car ils n'étaient qu'une poignée à l'époque à faire ça, en septembre 1987.

À partir d'ici, on rentre dans une aventure à dimension plus humaine. Des questions simples ont des réponses parfois plus ardues. Comme le simple fait d'équiper correctement la maison pour le quotidien. Mais faudrait-il encore qu'il y est un toit. Il squattera au début chez un ami, et puis après, il risque de le perdre, car ça prend plus de temps que prévu. Un expatrié n'est pas le bienvenu sur le sol, et on sait lui faire sentir ! Il va devoir user de tous les stratagèmes les plus incroyables pour avoir un toit correct. Et encore, vous le verrez, ce n'est pas encore ça. Mais qu'importe, dans l'énergie de la jeunesse, on est prêt à braver tout un pays. Heureusement, sa femme viendra lui apporter quelques douceurs de son pays d'origine. En bref, on est limite plus dans un récit tranche de vie, même si le tout est parsemé d'informations diverses et variées sur la vie en Chine. Du coup, on n'a pas l'impression d'avaler quantité d'informations, car le tout est très ludique. L'humour est après tout universel.

On va jusqu'à la naissance de son enfant comme ça, et bien sûr, jusqu'aux mouvements de répression tristement célèbre des étudiants, ouvriers et intellectuels chinois, du 4 juin 1989, place Tian An Men. C'est ici que le témoignage est si précieux. Déjà parce que le pays était fermé aux étrangers, et que la vérité a bien été amoindri à l'époque. Malgré le danger, Éric Meyer était là, au loin, à faire son devoir, à observer en serrant les dents. Pourtant, à l'époque, il ne pourra pas en faire ce qu'il veut de ses informations. Aujourd'hui, la vérité peut enfin être révélée au grand public.

Car c'est bien lui qui est visé avec ce beau livre. Les dessins sont dans l'acabit de ce que l'on pense trouver dans un roman graphic. C'est très mignon d'ailleurs. Les textes sont nombreux, mais jamais inutiles, et séparés en petits chapitres pour que le tout soit plus digeste. On aura aussi au départ des textes qui feront hommages au travail d'Éric et à la langue chinoise. Enfin, les dernières pages sont composées d'un carnet de voyage, confectionné par Aude Massot. Ses croquis sont accompagnés de ses petits mots très agréables, qui complètent admirablement le tout.

Robinson à Pékin est un livre, certes, sur un sujet très précis, pour autant, il est adapté au grand public, et pourquoi pas même, aux grands adolescents. Ne vous arrêtez pas à la couverture, il faut ouvrir ce livre au parfum de voyage en Occident pour retrouver la vitalité d'une jeunesse qui n'aura pas eu la chance de s'exprimer correctement dans un pays qui a encore tant à apprendre, et à nous transmettre également certaines valeurs. C'est aussi un témoignage trop important pour être ignoré. Il faut saluer le courage des journalistes, des étudiants, des ouvriers et des intellectuels chinois qui ont eu seulement envie, de changer le monde.

En bref

« Je m'appelle Éric Meyer, et je suis journaliste. Je suis arrivé à Pékin le 5 septembre 1987... et, aujourd'hui, je vis mon « Mai 68 chinois » ! »

8
Positif

Un très beau livre à dos rond et rouge (forcément), disponible chez Urban Graphic

De jolis graphismes signés Aude Massot

Un récit tranche de vie adapté du roman d'Éric Meyer

Il contient beaucoup d'autodérision également

Un témoignage très important à portée de tous

Negatif

Il faut évidemment s'intéresser un tant soit peu au sujet

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