Pour qui sonne le Graal

La série porte bien son nom. Combien de sang versé au nom d’un crucifié ? Ou plutôt, combien de morts justifiés par une religion d’état s’occupant plus de pouvoir terrestre que de préoccupations célestes ?

Cette série décrit le sort de la quatrième croisade. Bloqués dans un premier temps à Venise pour une dette qu’elle peine à payer aux vénitiens pour la construction de la flotte, les croisés doivent risquer l’excommunication en attaquant, pour payer cette dette, d’autres chrétiens. Le chemin de la croisade butte ensuite, dans ce deuxième tome, sur les remparts de Constantinople.

Pas d’envolée lyrique ou de christianisme triomphant ici, mais le récit de combats sanglants, d’hommes menés par des buts divers et pas toujours honorables.

Cette BD donne à voir, de l’intérieur, les heurs et malheurs de ces soldats. Les uns sont là par foi, obéissant au mieux au code de la chevalerie, d’autres sont là par vengeance, soif du gain par le pillage. Un équipage hétéroclite pour une équipée mouvementée.

Je trouve que le dessin gagne en réalisme et en densité dans ce deuxième tome. Le fond noir et la mise en page, par exemple des pages 50 et 51 sont plutôt réussis.

Cette série décrit combien les croyances ou les dévotions sincères ont été de tous temps dévoyés en combats sanglants au profit, non de la foi, mais de la politique ou du commerce. Un miroir reformant pour ceux qui ont tendance à réécrire l’histoire au service de leur ambition.