Un bel album pour rappeler des faits mal connus

C'est l'histoire d'une rencontre improbable initialement : celle d'une jeune étudiante en journalisme (enfin si elle réussit ses examens) et d'un vieil harki. Il va lui faire découvrir une face cachée de la guerre d'Algérie avec toutes les souffrances qui y sont liées.

Les dessins fins et délicats de Mayalen Goust illustrent en douceur le scénario intelligent et intéressant de Julien Frey. J'ai découvert dans cet album des faits que je connaissais très mal. Si j'avais déjà vu des reportages évoquant le parcage des harkis dans des camps à leur arrivée en France, j'ignorais la notion de harka et les conséquences à long terme qu'ont dû (et que doivent encore) subir les harkis et leurs familles.

J'avais rencontré une étudiante fille de harki dans les années 1970/1980. Je soupçonne qu'elle ne connaissait pas tout ce qui s'était passé avant son arrivée en France. Je ne sais plus si elle m'avait parlé des camps. Mais en revanche, je me rappelle avoir été choquée quand elle m'a expliqué que son nom algérien l'avait fait refuser en poursuites d'études en fac (après la maîtrise) par beaucoup de professeurs jusqu'à ce qu'elle pense à dire : "je suis française". Le professeur en question lui avait dit : "cela change tout car vous pourrez avoir une bourse!" … De quoi renvoyer aux craintes de l'oncle d'Ismaël Meziane (voir album "Comment devient-on raciste ?" - https://www.sanctuary.fr/fiche/64906/) à propos des prénoms d'origine arabe!

Un très bel album qui permet d'en apprendre un peu plus sur un des points ténébreux de la guerre d'Algérie.