Handmaid's Tale en BD ou les dérives de la politique chinoise sur l'enfant unique

Chen nous emporte dans une projection d’un futur dans lequel la Chine aura tenté plusieurs politiques pour contrôler les natalités et la prospérité de son peuple… En vain… En 2089, les femmes ne représentent qu’1% de la population et désormais des enlèvements et la mise en servitude de femmes pour mettre au monde d’autres femmes sont devenus l’enfer quotidien chinois. Dans ce contexte, on découvre Chen, un jeune homme dont la sœur a été enlevée il y a quelques années et qu’il recherche désespérément.

Le scénariste a choisi de travailler dans plusieurs directions. Evidement le contexte, avec un pays qui lance des lois sans anticiper ses dérives et ses cuisants échecs. Il reprend ainsi l’actuelle politique de l’enfant unique qui a entrainé une large naissance de garçons. Cette dérive a entrainé une nouvelle loi pour amener les familles à avoir des filles, mais là aussi, les dérives ont été telles que cela a entrainé l’effet inverse… Et on arrive à cette crise qui échappe totalement au gouvernement chinois laissant les femmes sans protection, à la merci des brigands… Il est intéressant de voir ces dérives prendre forme et se rendre compte que l’Homme peut banaliser des actes cruels pour sa survie….

D’un autre côté, il y a l’adaptation de l’Homme, son changement face à une situation angoissante, la disparition progressive des femmes. Ces dernières deviennent ni plus ni moins que des objets rares qu’on se dispute pour enfanter de force et vendre les naissances au plus offrant. En parallèle, les femmes, celles qui se rassemblent pour échapper à tout ça, se rebeller contre le système que personne n’assume mais que tout le monde tolère… Ces femmes qui vont prendre les armes afin de se faire respecter et tenter de survivre…

Enfin il y a cette tranche de vie, au milieu de cet enfer, d’un homme qui a vu sa petite sœur se faire enlever et qui tente par tous les moyens de la retrouver afin de la sauver… Un homme qui se retrouvera dans des situations difficiles et qui tentera de survivre pour mener à bien sa quête… Un homme qui permettra par son errance, de se rendre compte au mieux des changements profonds que cette politique chinoise a entrainé sur le terrain…

Le dessinateur arrive à transporter le lecteur dans cet univers dur et violent en jouant sur les couleurs, le sang, la violence et la cruauté. Il n’épargne en rien le lecteur, tel un électrochoc à pleine puissance, pour porter le récit et accentuer tout le côté dramatique de l’histoire. Il joue avec le découpage pour mettre en avant certaines scènes importantes ou encore donner davantage de rythme au récit.

L’histoire est poignante, angoissante. Elle rappelle cette série, Handmaid’s tales, qui exploitait déjà le fait que les femmes qui pouvaient enfanter devenaient esclaves pour la reproduction. Les auteurs dénoncent une politique sans réflexion mais alarment, alertent aussi sur ses possibles dérives, espérant secrètement que cela pourra être un grain de sable qui modifiera un plausible triste futur. L’univers apocalyptique dans lequel évoluent les personnages n’est pas sans rappeler Akira évidemment, la survie d’une espèce passant outre les droits et les lois. Cet album interpelle et la réflexion des auteurs ne laissent pas le lecteur indifférent à la fin de l’album. La fin est discutable, les auteurs ont fait un choix mais je pense que je serai aller plus loin qu’eux afin de continuer dans la lignée du récit. Ils choisissent de donner à l’Homme une dernière chance de prise de conscience, un peu d’espoir….