Satchmo, une interprétation libre de la jeunesse de Louis Armstrong

Satchmo, c'est l'histoire d'un enfant qui aime un peu trop sa mère et qui veut la sauver. C'est l'histoire d'une mère qui se prostitue et qui ne va pas bien du tout. D'une mère qui ne sait plus très bien être une maman ni recevoir tout cet amour, cette main tendue.

Satchmo, c'est aussi l'histoire d'un môme dont la musique est le salut, la porte vers la liberté. La couverture met bien en évidence l'importance de la musique : le visage s'efface derrière l'instrument.

Satchmo est un génie : il a le sens du rythme et des notes, il illumine la scène et a la chance d'être accompagné par un vieux musicien qui le prend sous son aile. Un peu de chance parce que l'Amérique de 1920 n'est pas toute rose pour une petite souris noire et Satchmo va se retrouver au cœur d'embrouilles et de situations violentes, de bordels en foyers.

Léo Heitz nous raconte sa version de l'enfance de Louis Armstrong. Ce n'est pas une autobiographie, mais il y a de vrais éléments de la vie du jazzman. Dans cette version, les personnages sont des souris noires ou des rats blancs. Et cet anthropomorphisme presque mignon permet de supporter la violence et la noirceur des situations. Les couleurs sépia avec quelques touches de rouge et de jaune collent bien à l'ambiance générale sombre. Mais il y a aussi un très beau rendu de la lumière dans le parcours de cet enfant et dans les dessins de Léo Heitz. Autant pour l'histoire que pour le traitement graphique, je recommande donc vraiment la lecture de Satchmo.