Une fable effrayante sur le besoin d'être (re)connu(e)

Dans cette ville étrange, les personnes n'ont d'existence que si d'autres pensent à elles. Du coup, la ville est submergée de panneaux où sont inscrits des noms de personnes puisque les regarder et y penser les font vivre. Un jour Manel Naher découvre dans les journaux qu'elle a une homonyme célèbre grâce à une chanson qui tourne en boucle. Mais elle n'a quasiment pas d'amis et à part sa mère et sa sœur, personne ne pense à elle. En conséquence, elle se retrouve à l'hôpital après un malaise cardiaque dû à son manque de présence. Malgré un traitement de choc avec sorties en boites de nuit, soirées avec chapeaux-cartes… son état ne s'améliore pas jusqu'au jour où elle frappe quelqu'un et devient une célébrité. Son ami Ali partira seul pour le Grand Vide qui entoure la ville.

Si j'ai beaucoup aimé l'argument de cet album qui est une brillante variation sur le thème de la célébrité destructrice, j'ai moins aimé le style graphique de Léa Murawiec. Il y a des personnages plutôt intéressants comme le bébé devenu immortel à cause de la pub pour les couches mais dont l'évolution a été bloquée à l'âge de sa célébrité. Il m'a rappelé Baby Hermann du film "Qui veut la peau de Roger Rabbit?". L'idée de la nécessité d'avoir de la présence pour pouvoir survivre est originale et plutôt effrayante quand on voit le développement des réseaux sociaux et les troubles comportementaux qui y sont liés allant jusqu'au suicide.

Une lecture intéressante à condition de ne pas être trop rebuté par le traitement graphique particulier.