Le Poing du tyran

Les bandes dessinées Star Wars ont toujours eu une grande importance pour moi puisque j'ai découvert cet univers grâce à la première série Marvel publiée dans la revue Titans avant de voir pour la première fois les films à la télévision dans les années 80. Au fil des années, les droits des comics Star Wars sont passés chez Dark Horse avant de revenir dans le giron de Marvel, créant plusieurs visions alternatives de l'Univers Etendu de la Saga des Etoiles. Des "branches" différemment appréciées par les lecteurs (je sais qu'il y en a beaucoup qui ne jurent que par les Dark Horse maintenant regroupés sous la bannière  "Légendes") mais pour ma part, j'apprécie les initiatives de chaque éditeur  dans le développement des différentes époques de la Guerre des Etoiles en comic-book.

Panini Comics traduit les titres Marvel depuis quelques années et n'oublie pas pour autant le passé puisque la vieille série de la Maison des Idées sera prochainement proposée en Intégrale et que les "Légendes" (anciennement publiés par Delcourt) sont de retour en librairie dans une collection qui reprend le modèle des EPIC américains. Ces pavés de 400 pages s'articulent autour de sommaires thématiques, une sélection de titres formant un tout cohérent comme le montre le premier tome consacré à l'Empire. 

Les trois épisodes de la série Star Wars Republic donnent bien le ton de cette période troublée qu'est l'avènement de l'Empire. La caractérisation est juste, entre résignation des uns et rébellion des plus combattifs. Les trois chapitres introduisent également deux personnages qui animeront l'excellente série Dark Times, Dass Jennir et Bomo Vertemousse. Les quatre titres Star Wars Purge témoignent (entre autres choses) de l'évolution du comportement de Dark Vador, qui se laisse régulièrement emporter par sa colère comme le montre sa victoire à la Pyrrhus dans La Lame Cachée. Dans la mini-série Le Poing du Tyran, son modus operandi change. Après quelques déconvenues, Vador, épaulé par un intéressant personnage féminin (le major Namada), emploie des méthodes plus insidieuses pour discréditer les Jedi et effacer toute trace de sédition dans la Galaxie. La Purge, ce n'est pas "juste" l'élimination physique de tous les survivants de l'ordre 66, c'est aussi une propagande redoutablement menée pour faire disparaître les Jedi de la mémoire collective. Des histoires bien ficelées, servies par une intéressante variété de styles. 

Parmi les lignes directrices des récits de ce tome 1, il y a comme je l'ai souligné plus haut l'exploration des premières années d'Anakin Skywalker en Seigneur Noir des Sith, tiraillé entre son allégeance envers l'Empereur et les souvenirs encore présents de son ancienne vie. Vador est pétri de doutes, exacerbés par le pouvoir de l'un des personnages de la mini-série Mission Fatale. Le scénariste Haden Blackman insiste sur les traces d'humanité encore présentes en Vador (d'où la très bonne idée de le démasquer dans le dernier chapitre) dans une aventure qui monte bien en puissance et qui bénéficie de la présence du talentueux Rick Leonardi aux dessins.

Le sommaire se referme sur les cinq premiers épisodes de Dark Times, qui reste une de mes séries Dark Horse préférées, grâce à la belle galerie de personnages, aux histoires pleines de rebondissements concoctées par Randy Stradley et aux dessins minutieux de Doug Wheatley. L'action est souvent palpitante et l'atmosphère est imprégnée d'une véritable noirceur (vu le titre du bouquin, ce n'est guère étonnant), comme le démontrent les thèmes de ce premier arc narratif et le déchirant final de l'épisode 5.