Que devient l’humanité dans des conditions extrêmes ?
Le 19 mai 1845, l’Erebus et le Terror quittent les côtes anglaises en direction de l’Arctique pour trouver un passage au Nord-Ouest. A leurs bords, des vivres, du charbon et 134 hommes menés par leur capitaine Franklin, 59 ans, navigateur polaire reconnu. Cette expédition sera la dernière pour lui et pour son équipage. Les hommes tombent malades, les conserves sont contaminées au plomb, les navires se retrouvent coincés par la glace. Deux groupes se séparent, des éclaireurs qui cherchent une solution et d’autres qui restent à bord. Bilan : aucun survivant et malgré divers plans de recherche, les épaves ne seront retrouvées qu’en 2014 et 2016. C’est cet épisode tragique de la conquête de l’Arctique que raconte Franklin, les prisonniers de l’Arctique.
Avec les connaissances liées aux témoignages des rares autochtones et aux indices laissés par les épaves, Michel Druant reconstruit les étapes de cette descente aux Enfers, de ce moment où les hommes ne se comportent plus vraiment avec humanité. Pour aider à la narration, Michel Durant imagine, les confessions désespérées de Francis Crozier -qui est aux commandes du Terror- à la femme qu’il aime. Je n’ai pas trop accroché avec ce parti pris qui manque de crédibilité.
L’espoir, dans cette histoire, est représenté par les personnages féminins mais de manière ambiguë. Les femmes qui restent à quais sont un soutien inconditionnel, elles déplacent des montagnes pour venir en aide aux marins. A bord des navires, elles portent malheur et sont maltraitées dans un monde d’homme et de superstition.
Côté dessins, les traits durs et ciselés de Michel Durant se marient plutôt bien avec a dureté du climat arctique et des naufragés. Les personnages ne sont pas beaux, pas spécialement touchants, ils ont l’air raides, malades, fous même pour certains, ce qui correspond bien à cette ambiance de débâcle. Les couleurs vives tranchent avec le blanc des paysages mais dans l’ensemble, tout est gris, les âmes comme les cases. Dès la couverture, on sent que les prisonniers de l’Arctique sont sans espoir : leurs yeux sont vides et leurs actions sont une ultime résistance. On sait qu’ils ne peuvent pas s’en sortir, malgré tout, certaines scènes sont d’une violence incroyable : « Homo homini lupus est » disait déjà Plaute.
J’ai apprécié le dossier historique final sur la vie et la carrière de Franklin, sur les recherches faites sur les deux bateaux perdus. Il éclaire des zones d’ombres qui subsistent à la lecture de la partie BD de l’ouvrage.
Franklin, c’est le goût de l’aventure avec un grand A, le goût du risque extrême, c’est la chronique sans filtre d’un désastre annoncé, l’humanité qui s’efface quand il est question de survie dans un climat hostile. Les dessins épais et les couleurs sombres soulignent bien le tragique de cette expédition. Les problématiques soulevées sont intéressantes mais cet ouvrage me laisse un peu sur ma faim : je trouve que les choix narratifs ne sont pas forcément pertinents et que cela rend l’ensemble de l’ouvrage un peu confus.
En bref
Le 19 mai 1845, l’Erebus et le Terror quittent les côtes anglaises en direction de l’Arctique pour trouver un passage au Nord-Ouest : 134 hommes au départ, aucun survivant. Franklin, les prisonniers de l'Arctique raconte cette expédition tragique. Franklin, c’est le goût de l’aventure avec un grand A, le goût du risque extrême, c’est la chronique sans filtre d’un désastre annoncé, l’humanité qui s’efface quand il est question de survie dans un climat hostile. Les dessins épais et les couleurs sombres soulignent bien le caractère désespéré de cette expédition. Les problématiques soulevées sont intéressantes mais cet ouvrage me laisse un peu sur ma faim : je trouve que les choix narratifs ne sont pas forcément pertinents et que cela rend l’ensemble de l’ouvrage un peu confus.
Positif
mise en scène crue de la réalité de l’aventure en Arctique
le rôle des femmes dans cet univers essentiellement masculin
le dossier final sur la tragédie
Negatif
la narration n’est pas toujours très claire
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