Pour retrouver quelques fables aux morales toujours d'actualité.

Sébastien Lumineau a choisi 6 fables pour leur portée politique. À part "les grenouilles qui demandent un roi", les 5 autres fables mettent en scène des humains. Il y a "Les animaux malades de la peste", "Les oreilles du lièvre", "L'homme et la couleuvre", "L'ingratitude et injustice des hommes envers la Fortune" et "Le renard et les raisins". Des dessins en N&B pour rappeler que La Fontaine était bien un critique des moeurs de son temps et qu'il est toujours très actuel.

Les dessins en N&B sont superbes. Avec des personnages bien définis que ce soient les grenouilles et la grue ou les humains variés. Chaque page est composé de 2 cases avec le texte de la fable en haut par quelques vers à chaque fois. En préambule, Sébastien Lumineau raconte un souvenir d'enfance (la sienne ou celle d'un autre) qui illustre la lâcheté ordinaire qui fait punir un innocent.

Pour "Les animaux malades de la peste", la transposition humaine nous présente un chef d'état et ses ministres à moins que ce ne soit le conseil d'administration d'une entreprise. Bien sûr, c'est le pauvre serveur qui n'a presque rien fait qui sera puni pour tous les autres. Je ne connaissais pas "Les oreilles du lièvre" et je vous recommande ce texte qui évoque la peur qui peut saisir le plus innocent face à un édit injuste.

Je ne connaissais pas non plus "L'homme et la couleuvre", où l'homme rejette le fait que tous les "juges" arbitrant son conflit avec le serpent déclarent que l'homme est l'animal le plus ingrat. Il va même jusqu'à tuer le serpent. La Fontaine en tire une morale sévère qui est toujours actuelle, hélas : "On en use ainsi chez les grands. La raison les offense : ils se mettent en tête Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens, Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, c'est un sot. J'en conviens Mais que faut-il faire? Parler de loin; ou bien se taire."

La 3e fable que j'ai découverte est "L'ingratitude et injustice des hommes envers la Fortune". Fortune est à prendre au sens ancien de destin ou hasard. Là encore la morale est toujours très actuelle : " Chose n'est ici plus commune : / le bien nous le faisons, le mal c'est la Fortune, / On a toujours raison, le destin toujours tort."

"Le renard et les raisins" est transposé au rayon fruits d'un supermarché où un pauvre homme préfère les déclarer immangeables au vu du prix à payer et de l'œil sévère du vigile.

Je reconnais que les fables de La Fontaine font partie de mes livres de chevet, même si je ne me rappelle pas de toutes.

L'album de Cornélius ne déparera pas dans ma bibliothèque car c'est un superbe objet à la couverture toilée rouge décorée d'incrustations dorées représentant une tête de cochon : vivante en couverture mais coupée en 4e de couverture! Des notes dans le texte permettre de comprendre certains termes anciens peu utilisés de nos jours.

Un gros coup de cœur pour cet album original et j'espère que Sébastien Lumineau nous offrira bientôt un 2e tome pour lequel je veux bien lui suggérer quelques fables grinçantes.