Conflits et guerre journalistique

En 1781, Nathan Prius vend des petits billets dans l’armée de Washington pour donner des nouvelles du front. Georges Ellis lui propose de publier ses articles qui remportent un vif succès. Mais Ellis signe de son nom les articles et c’est la première d’une longue trahison. Nathan Prius porte plainte mais la justice est partiale, et il perd son procès.

Nathan décide alors de fonder un nouveau journal et c’est le destin de ce journal et de cet homme dans sa confrontation avec Ellis est conté dans cet album. Les deux héros se suivent, et Prius va essuyer les coups bas d’Ellis les uns après les autres. Il encaisse mais n’oublie pas, tout se paie.

Savoir qu’il s’agit de la dernière œuvre du scénariste, Patrice Ordas, qui n’a pas eu le temps de rencontrer le dessinateur, c’est émouvant. Quelle responsabilité pour l’éditeur et le dessinateur ! Peut être que certaines zones d’ombres résultent de cette rencontre impossible. Le scénario se tient, les décennies passent cependant un peu vite et je ne suis pas spécialement au fait de l’histoire de cette période (la guerre d’indépendance et les décennies suivantes) donc c’est parfois difficile à suivre. Ce journal est une histoire complète mais l’éditeur annonce une saga donc là encore, je ne comprends pas trop. Je crois que ce one shot aurait pu être un peu développé pour gagner en clarté. Quelques scènes sont incompréhensibles avant de lire ce qu’en disent les personnages.

J’ai été attirée par la couverture très originale de cet album : cette une de presse accroche pour un format BD, mais du coup, j’avais envie d’un album en noir et blanc qui joue sur les codes de la presse et je n’ai pas du tout aimé les couleurs, trop criardes à mon goût. Le teint des personnages est très orangé et les couleurs de la nature trop éclatantes (notamment le vert). Il y a même des fonds bleus ou jaunes très improbables. C’est dommage parce que les dessins sont vraiment d’une grande qualité, très travaillés avec beaucoup de détails pour toutes les scènes de guerre.

Des incompréhensions scénaristiques, des couleurs qui me dérangent : déception pour ma part à la lecture de cet album.