Conflit de générations

Peter David a été très critique avec Image Comics à l'époque du lancement de la nouvelle maison d'édition formée par les dessinateurs stars de Marvel, situation qui a abouti à un débat en public avec Todd McFarlane (débat que David a gagné avant de regretter sa participation). Mais cela n'a pas empêché le scénariste de se voir confier l'écriture de l'un des nombreux crossovers des années 90, à savoir la rencontre entre Spider-Man et l'équipe de Gen 13, les jeunes héros de la génération MTV créés par Jim Lee, Brandon Choi et J. Scott Campbell.

Le scénario reprend le principe de la "Terre partagée" et place donc les personnages dans le même univers. Peter David rentre directement dans le vif du sujet alors que l'Homme-Araignée est en mauvaise posture face à une super-vilaine inconnue. La baston se déroule juste au-dessus de la scène d'un concert de rock et dans le public on reconnaît des visages familiers, Caitlin Fairchild, Sara Rainmaker, Roxy Spaulding et Grunge. Et quand Spidey chute, il se retrouve directement dans les bras de la plus jeune membre des Gen 13. 

Une ouverture dynamique comme sait les écrire Peter David. On suit ensuite parallèlement les discussions animées, souriantes et joliment dialoguées entre Spider-Man et les Gen 13, qui font prendre à Peter un sérieux coup de vieux, et la vie personnelle de Glider, la mercenaire qui su faire jeu égal avec l'Araignée. Cette façon de développer un personnage de passage (puisqu'elle n'est jamais réapparue ailleurs) ajoute une dimension supplémentaire et une touche d'émotion à une histoire qui reste au fond assez classique et anecdotique (la présence de Spidey est basée sur une simple coïncidence puisqu'il est juste utilisé comme un moyen pour atteindre les Gen 13).

À la partie graphique, on retrouve l'excellent Stuart Immonen, qui travaillait principalement à cette période pour la Distinguée Concurrence. Il n'a pas signé ici sa meilleure prestation (il est bon sur les personnages et l'action, moins sur les décors un peu pauvres) mais dans l'ensemble c'est toujours du solide (même un peu moins inspirés, les dessins d'Immonen sont tout de même agréables à regarder).