Le plus légendaire récit sur Kraven, mais aussi du Tisseur, logiquement à l’honneur dans Spider-Man – La collection anniversaire !

Spider-Man fête en cette année 2022 ses 60 ans, et Panini Comics décide de faire les choses en grand pour célébrer l’événement !
L’éditeur propose en effet dix volumes au sein de Spider-Man – La collection anniversaire, qui met en avant dix sagas, passages ou époques ayant marqué le Tisseur. Chaque tome est en format dur, avec papier assez lisse, de bonnes introductions et présentations des personnages. Mais surtout au prix attractif de 6,99 € !
Une très bonne occasion pour se lancer, relancer ou retrouver l’univers de l’Araignée, qui semble n’avoir pas pris une ride depuis ses débuts !

Ce quatrième tome de Spider-Man – La collection anniversaire cesse l’avancée temporelle entamée jusque-là, avec le premier volume sur les années 60 (lien ici), le deuxième sur les années 70 (lien ici) et le troisième sur les années 80 (lien ici).
En effet, ce quatrième opus demeure dans cette décennie spécifique, et se glisse même entre les deux sagas du Rédempteur publiées dans le précédent tome (la première en 1985, la seconde en 1988).
Le volume ici présent propose en effet une intrigue unique, publiée entre octobre et novembre 1987 sur les trois séries Spider-Man alors : Amazing Spider-Man (n°293-294), Peter Parker : The Spectacular Spider-Man (n°131-132) et Web of Spider-Man (n°31-32). L’ensemble est réalisé par les mêmes auteurs, qui bloquent ainsi tous les titres du Tisseur sur deux mois pour un événement… et quel événement !

Spider-Man – La collection anniversaire publie en effet ici ce que l’on peut aisément considérer comme l’une des plus grandes, voire la plus grande histoire de Peter Parker.
La dernière chasse de Kraven.
Les six épisodes sont produits par le scénariste J.M. DeMatteis, connu autant pour les aventures intenses et surtout drôles de Justice League International avec Keith Giffen, que pour sa passion pour les intrigues psychologiques. L’auteur est en effet très impliqué dans des intrigues personnelles, sur les errances psychiques des personnages. Il est ici accompagné de Mike Zeck, connu essentiellement pour avoir dessiné Secret Wars, la première maxi-série événement de Marvel.

Les deux auteurs se réunissent à une époque où les comics changent, sous l’impulsion de grands auteurs et de grandes sagas. La dernière chasse de Kraven est en effet publiée en 1987, quand Watchmen se termine (septembre 1986 – octobre 1987), après The Dark Knight Returns (février – juin 1986), et juste avant Batman : The Killing Joke (mars 1988).
Alan Moore, Frank Miller et Brian Bolland accueillent sans rougir à leurs côtés J.M. DeMatteis et Mike Zeck, qui livrent une épopée formidable, cauchemardesque et intense. Une réussite complète, à ne jamais louper.
A noter d’ailleurs que J.M. DeMatteis avait d’abord envisagé de proposer un tel récit pour Wonder Woman, enterrée par un adversaire proche, puis Batman, tué par le Joker, mais les éditeurs refusèrent. Une bonne chose, vu leur succès justifiée sur Spider-Man !

Mais de quoi parle Spider-Man – La collection anniversaire : La dernière chasse de Kraven, finalement ?
Alors que Mary-Jane et Peter Parker viennent de se marier, Kraven le Chasseur se prépare ; au pire. Spider-Man se remet difficilement de l’assassinat de son collègue Ned Leeds en Allemagne de l’Est, mais Kraven n’en a cure. Ce dernier, fils de nobles russes ayant dû émigrer en Amérique après l’avènement du communisme, a abandonné un père faillible et une mère démente pour se plonger dans la jungle, et ainsi retrouver son honneur dans la chasse. Kraven s’est ainsi construit son image de Mâle Alpha, honorable et invincible ; jusqu’à Spider-Man, qui l’a constamment vaincu et humilié.
Kraven, usé par son existence, mais déterminé à laver cet affront, enlève Spider-Man après une lourde préparation, et le fait sombrer dans des drogues et hallucinations. Kraven en vient même à enterrer Spider-Man vivant (!) pour prendre son costume et sa place, afin de prouver qu’il est meilleur que lui ; qu’il lui est supérieur. Notamment pour retrouver et stopper Vermine, homme modifié par le Baron Zemo pour devenir à moitié animal, et qui terrorise la ville en attaquant et dévorant des gens au hasard…
Spider-Man pourra-t-il revenir de cet enfer ? Et comment ? Retrouvera-t-il son épouse, et comment réagira-t-il face à Kraven ? Seule la lecture de ce beau tome peut vous le dire !

Bien des choses ont été dites sur La dernière chasse de Kraven, récit puissant et intense, étouffant et imprévisible. J.M. DeMatteis orchestre deux formidables portraits d’hommes, si différents mais si intimement proches via leur opposition.
Kraven semble pleinement mis en avant, dominant dans le récit, car sa voix rythme l’essentiel des encarts narratifs, et c’est par lui que l’action vient, constamment. L’on plonge ainsi dans sa psyché brisée, son approche macho et violente des événements. Il est cependant rapidement touchant dans sa détresse, sa faiblesse, son usure face à un monde qu’il ne comprend plus, et où il n’a jamais trouvé sa place. Il est aussi troublant dans sa réussite, sa violence, sa grandeur… et son honneur, notamment dans un final à jamais marquant.
L’on pourrait aisément penser que Spider-Man est le parent pauvre de l’ensemble, car il subit les événements et la saga ; à tort. Certes, Peter Parker est victime des rebondissements, mais c’est bien un formidable portrait du super-héros que J.M. DeMatteis livre ici, notamment quand Kraven tente de le remplacer. Le Chasseur comprend finalement que Spider-Man n’est pas « une chose », un être éthéré, un mythe. Ce n’est pas l’Araignée légendaire et irréelle, inhumaine, qui terrorise la ville ; ce n’est pas le Batman, comme l’on peut le penser.
Ici, J.M. DeMatteis confirme que le cœur de Spider-Man est bien Peter Parker, qui demeure encore et toujours présent, constamment au centre des événements, des décisions et de l’approche de Spider-Man. Sa relation avec Mary-Jane est au centre du récit, avec une évocation fine, douce et touchante de leur amour, de leur confiance ; de leur histoire. Avec notamment un final « positif » bienvenu, qui permet de respirer après tout ceci, et de croire à l’avenir.
Enfin, même Vermine bénéficie d’une approche réussie, avec certes des crimes abjects, mais une détresse réelle et, elle aussi, pleine d’émotions.

Mike Zeck illustre avec puissance, force et grâce un récit qui gifle son lecteur régulièrement. Le dessinateur n’a jamais été aussi bon, aussi inspiré, aussi formidable qu’ici, avec quantité de planches éblouissantes et terrifiantes. Son Kraven est digne des demi-dieux grecs, son Spider-Man rivalise avec l’aura de Batman, et les scènes irréelles sont envoûtantes, alors que son Vermine est terrifiant.
La maîtrise absolue d’un graphisme idéal.

En bref

La dernière chasse de Kraven est la plus grande histoire de Spider-Man, ou en tout cas dans le trio de tête, à jamais. J.M. DeMatteis et Mike Zeck livrent une saga intense, étouffante, ô combien réussie. Elle tutoie les grandes œuvres comics, et demeure un marqueur fort du Tisseur, confirmant ainsi la puissance du personnage. A ne jamais louper.

10
Positif

Une réussite totale, tant scénaristiquement que graphiquement.

Une gestion formidable et fine de la psychologie des personnages.

Un rythme épatant et étouffant, qui s’achève sur une note d’espoir bienvenue.

Negatif

L’impossibilité de retrouver, même en relecture, le choc et la puissance d’une première découverte de cette saga bluffante.

Le manque d’œuvres aussi marquantes et puissantes chez Spider-Man, qui prouve ici qu’il peut être bien autre chose qu’un Tisseur bondissant et rigolo.

Le retour de Kraven après cette saga, ce qui n’amoindrit pas sa qualité mais gâche quelque peu un personnage qui bénéficie ici d’un final juste formidable.

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Commentaires (1)
  • ScoobyDam
    Staff

    Pourtant pas fan de Spider-man, je confirme que c'est vraiment un récit très intéressant.
    Dematteis est un grand auteur qui traite vraiment hyper bien le côté dédoublement de personnalité de ses personnages ; un sujet déjà traité même à l'époque mais ici, c'est ce qui transparaît le plus à mon avis - bien aidé par les compositions des planches et les placements des bulles qui entremelent 2 fils de pensées, ce qui retranscrit pas mal les moments de paniques durant lesquels des différentes réflexions paradoxales peuvent se bousculer.

    Une vraie réussite pour un récit poignant, mais il faut néanmoins se remettre dans le contexte de l'époque pour apprécier totalement l'album.