Bruce sans Wayne

Bruce sans Wayne

Suite à l'ouverture de l'ère Infinite après un bref bond dans le temps à l'aide d'un Future State, Detective Comics n'a pas mis longtemps à suivre derrière, et c'est tant mieux. Que la longue introduction ne vous fasse pas peur, car, même si on n'a pas lu ce que je viens d'aborder, il est très facile de s'y retrouver. Et, si un petit budget vous freine en ce moment et que l'on devrait n'en choisir qu'un, ce serait Joker War, car, ici, on aura un aperçu des dégâts occasionnés par ce grand événement.

Quand on commence à lire le premier chapitre, on repart dix années en arrière. Les dessins de Dan Mora (Future State : Batman, ou, chez Delcourt, Once & Future, avec Kieron Gilllen) ressemblent énormément à ceux de Greg Capullo. Pour ma part, c'est plutôt une bonne surprise. Viktor Bogdanovic (Young Justice ou Arthur Curry : Aquaman chez DC Comics, par exemple) suit ce mouvement. Les seules fois où l'on va retrouver un style plus cartoon, c'est lors de petits moments à part, en fin de chapitre, explicitant les liens avec les récits antérieurs justement, Joker War en tête. Mais, on n'oublie pas non plus de dire un mot sur l'ancienne monture de Detective Comics, période new 52.

Encore une fois, ce n'est pas pour me déplaire, car il y a un petit côté du Punisher de Garth Ennis et Steve Dillon dans le fait d'explorer les bas-fonds de la ville, et, de voir prendre vie l'appartement de Bruce. N'oublions pas qu'il a perdu temporairement sa fortune. Bon, contrairement au run chez Marvel, il se retrouve quand même dans les quartiers chics. Cependant, pour celui qui n'avait auparavant aucun voisin, il aura fort à faire avec son entourage, comme Frank Castle autrefois. Une habitante en particulier est insupportable, elle apportera d'ailleurs son lot de problèmes. Cet aspect est un des plus intéressants du titre, et, on espère qu'il inspirera plus encore les prochains scénaristes. En attendant, on commence à entrevoir ce que ça peut vraiment changer pour notre héros capé, et, on peut déjà écrire que ça lui fait un bien fou... et au titre aussi !

En attendant, la multi récompensée Mariko Tamaki (Harley Quinn : breaking Glass, ou, Supergirl : being super ) effectue un excellent travail. On peut parfois lui reprocher de nous faire croire que les événements contés sont de grande ampleur, ou, que son récit est un peu trop long à certains endroits. Mais, le principal est présent, et je reste convaincu qu'il peut tout à fait plaire aux amateurs du film de Matt Reeves, sorti récemment au cinéma.

Sinon, le titre porte bien son nom. On part rapidement dans une enquête qui mêlera une des fortunes les plus importantes de la ville noire. Effectivement, Sarah Worth a été enlevé, et, la police de Gotham, sans Gordon cette fois-ci, devra tout faire pour la retrouver. Notre chauve-souris va se retrouver mêlé à tout ceci, qu'il le veuille ou non, puis, il devra prouver son innocence, et enfin, pourquoi pas, s'en réchapper vivant. Pour cela, il ne pourra pas compter sur le commissaire, les bats gadgets ou encore sa batcave. On verra donc comment il s'en sortira avec des solutions basiques. Heureusement, ses amies seront au rendez-vous, comme Oracle et ses Batwomans, et surtout, la dénommée Huntress. Cette dernière est très proche du monde de la rue. Si vous avez lu Green Arrow Rebirth, vous ne serez pas perdu, on a un peu un duo antagoniste comme le faisaient si bien Black Canary et Oliver Queen. L'un va permettre à l'autre de regarder un peu en bas de son île dorée, ici, le manoir Wayne. Par contre, on passera par-dessus les sentiments amoureux, et c'est tant mieux, ils n'ont pas encore leurs places, on a trop été déçu avec Catwoman, lors de Rebirth.

Un petit mot aussi sur le côté moderne du comic book. On met en avant quelques femmes du quotidien, et, Huntress ou Oracle donnent également le change, au point que l'on a envie de lire leurs aventures respectives. Quelques sujets de société sont abordés de manières très intelligentes, car, il n'y aura pas de sensationnels ou de scènes larmoyantes en trop. C'est par l'intermédiaire d'un petit chat que vous verrez les quelques conséquences que peut avoir une femme isolée et battue par son mari. Un moment tendre entre Helena et cette dame sera à partager, jusqu'à une fin, inéluctable. Parfois, il faut vraiment agir au plus tôt, et, c'est ce que l'on en retiendra.

On verra également que le mal s'incruste partout dans le quotidien de Gotham. Il fait parfois résonance avec le nôtre. Le plus calme est forcément le plus pourri, et, on pardonne limite aux plus aux belliqueux d'entre eux qui ne cachent rien, comme Roland Worth. Mais, c'est normal, ces malfrats font partie de ceux d'autrefois, comme le fameux Pingouin, pour ne citer que celui qui ne fera qu'une brève apparition.

Vous le voyez bien, si vous êtes un gros amateur du genre super-héroïque, vous passerez un bon moment sans pour autant être très surpris de la dimension prise. Graphiquement, si vous aimez le style de Capullo, vous serez aux anges de reprendre ce chemin mythique. Sinon, il y a aussi une belle galerie de couvertures par Lee Bermejo qui mettra tout le monde d'accord. Au final, on attendra le tome deux prévu en juillet de cette année, afin de voir si Bruce Wayne reste pour le moment plus important que Batman, et les autres idées qui peuvent seront issues de cette récente situation.