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Critique de Le Manoir de Chartwell

par bulgroz le mer. 11 mai 2022 Staff

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Attention, couverture trompeuse...

Ne vous méprenez pas sur le titre ou la couverture. Bien qu’il reprenne le nom de la résidence de Churchill, en Angleterre, le manoir dont il est ici question est situé dans le New-Jersey. Et malgré une certaine impression de fantastique, nous sommes également bien loin de l’univers de Poudlard…

Le manoir de Chartwell est un pensionnat dirigé par Terence Michael Lynch A.K.A "Monsieur", un personnage particulièrement toxique et nocif. De 1970 à 1984, le manoir de Chartwell a accueilli plusieurs centaines de résidents, très majoritairement des garçons, qui furent victimes des agissements de "Monsieur" : violence physique, psychologique, abus sexuels, manipulation émotionnelle…
Glenn Head, auteur reconnu dans le milieu des comics indépendants et underground, fut confié à Lynch en 1971 alors qu’il était âgé de 13 ans. Ce n’est pas que Glenn ait été un adolescent particulièrement difficile à gérer, disons qu’il se dispersait vite, qu’il ne mettait pas toute son énergie dans les matières qui lui semblaient pénibles. Qu’il préférait se plonger dans la lecture d’un bon vieux Batman que dans la résolution d’équations. Mais ses parents, ne l’entendaient pas de la même manière et puis bon, c’était les années 70… donc, direction le pensionnat et pas question de discuter.

Dans Le manoir de Chartwell, Glenn Head raconte évidemment les attouchements, les coups et les jeux pervers que les enfants subissaient, mais ce n’est pas le seul propos de l’œuvre même si, évidemment, c’est au centre. Comment comprendre les effets si on ne connait pas les causes ?
Le manoir de Chartwell c’est aussi l’histoire de l’emprise d’un homme sur des dizaines de jeunes garçons pendant toute leur vie, du déni des familles, du silence des victimes, de leurs traumas et aussi une évocation d’un âge d’or des comics underground que l’auteur n’a pas tout à fait connu en tant que tel mais qui le fascinent absolument et auquel il rend un hommage appuyé.

Pour traiter de tout ça, Glenn Head y est allé à fond, en se livrant entièrement et sans se ménager. Il le dit à de nombreuses reprises, ça n’a pas été simple pour lui d’écrire cette histoire et le temps qu’il a mis pour le faire en témoigne. Résultat, Le manoir de Chartwell a forcément une valeur quasi thérapeutique pour l’auteur et les autres victimes de Lynch (voire pour celles de tous les autres Lynch du monde…) mais au-delà, c’est aussi un récit à forte dimension didactique pour celles et ceux qui s’intéressent à la notion de trauma.

En bref

L’histoire d’un pensionnat, dans lequel des dizaines de jeunes hommes, pendant presque 15 ans, ont été les victimes d’un directeur manipulateur, pédophile et pervers et de la manière dont les violences vécues durant l’enfance peuvent bousiller la vie des victimes.

9
Positif

L'auteur qui se dévoile totalement

Le style graphique super maîtrisé

Negatif

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