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Critique de L'escadron suprême - Le programme Utopie

par Le Doc le dim. 15 mai 2022 Staff

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Le Programme Utopie

En ce début d'année 2022, Panini Comics a enfin eu l'excellente initiative de donner une édition française digne de ce nom à un monument longtemps oublié des comics Marvel. En France, la maxi-série L'Escadron Suprême avait été publiée dans les années 80 dans les pages de Spidey, qui fut longtemps la revue jeunesse de l'éditeur Lug. Une première traduction qui n'avait bien entendu pas échappé à l'auto-censure de l'époque, retouches de cases et autres pages supprimées. Cette traduction du recueil U.S. présente donc les 12 épisodes dans leur intégralité, accompagnés du crossover avec la série Captain America et d'un épilogue resté jusque là inédit, Squadron Supreme : Death of a Universe

Pastiches de la Ligue des Justiciers de la Distinguée Concurrence vivant sur une Terre parallèle (Hyperion est Superman, Princesse Zarda est Wonder Woman, et ainsi de suite...une façon de pouvoir organiser à l'époque des crossovers Marvel/DC officieux), les membres de l'Escadron Suprême ont souvent été victimes de manipulations mentales (je crois d'ailleurs me rappeler que Hawkeye s'en est moqué dans les Avengers de Kurt Busiek et George Pérez) et ce fut le cas dans un arc narratif en plusieurs parties des Defenders. Dans cette saga, les héros sont passés sous le contrôle de l'extraterrestre Over-Mind, se comportant en véritables dictateurs et faisant de la Terre entière un véritable état policier.

Lorsque l'Over-Mind a été battu, les choses ne sont hélas pas revenues à la normale, les dégâts causés étant beaucoup trop importants. Pour réparer leurs torts, l'Escadron Suprême met en place le (vaste) programme Utopie, afin de débarrasser le monde de la violence, de la guerre, du crime, du chômage, de la famine et des maladies. Mais dès le début, un homme se dresse contre cette idée : Nighthawk, alias Kyle Richmond, ancien président des Etats-Unis. Pour lui, l'Escadron n'a pas à régenter les décisions et la vie des gens, surtout après ce qui s'est passé avec l'Over-Mind. Hyperion et ses camarades sont persuadés du bien-fondé de leur cause...mais les choses vont progressivement dégénérer à partir de l'invention d'une machine à modifier les comportements...

L'Escadron Suprême est tout simplement le chef d'oeuvre du regretté Mark Gruenwald, parti trop tôt à l'âge de 43 ans des suites d'une attaque cardiaque. La bibliographie de celui qui était affectueusement surnommé Gru était peut-être inégale mais elle ne manque pas de choses intéressantes et cette maxi-série se place aisément en haut de la liste. Passionnante réflexion sur l'héroïsme et les dérives qui peuvent découler d'un engagement un peu plus pro-actif, Le Programme Utopie est un long récit jamais avare en surprises et en retournements de situations, son scénariste exploitant à merveille les possibilités d'un univers alternatif pour ne jamais ménager ses personnages, rendant leur odyssée imprévisible aussi bien du point de vue de l'ampleur de l'événement que sur un plan plus intimiste. 

Mark Gruenwald a rarement été aussi bon sur la caractérisation des protagonistes, avec des destins émouvants retranscrits dans des chapitres bouclés en un numéro tout en s'inscrivant parfaitement dans son grand plan d'ensemble (les #3 et 9, centrés sur Nukleo et Tom Pouce, illustrent bien cela). La distribution est riche et le scénariste a su faire ressortir la personnalité de chacun. L'épisode avec Captain America est l'occasion d'une pause en plein milieu de la maxi-série sans la même force que le reste (mais Gru pousse encore plus loin la parodie DC avec son hommage au gigantisme à la Dick Sprang) avant de reprendre un fil narratif qui monte de plus en plus en puissance jusqu'à un épisode final palpitant et un long épilogue épique et touchant, bien ancré dans la continuité des travaux précédents de Gruenwald.

Pour la partie graphique, il peut paraître dommage que les 12 épisodes n'aient pas pu assurer un peu plus de régularité mais Bob Hall et Paul Ryan ont livré un travail solide, aussi classique qu'efficace. On retrouve même le prolifique Big John Buscema le temps d'un chapitre (le #7) mais comme le soulignent les crédits, il n'a signé que les esquisses car le style de Jackson Guice  à l'encrage est plus reconnaissable.


En bref

Des postfaces de Catherine Gruenwald (veuve de Gru) et Ralph Macchio (responsable éditorial de la maxi-série) ainsi que des paroles d'auteurs avec de jolies anecdotes (Tom DeFalco, Mike Carlin, Alex Ross, Mark Waid, Kurt Busiek) sont disponibles en bonus.

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