Les menstruations de l'espace

« Ragnagna et moi » fut une bonne surprise pour plusieurs raisons. Vous en conviendrez, il s'agit d'un sujet inédit en manga. En tout cas, traité de la sorte, c'est vraiment un phénomène inégalé. Les dessins de Ken Koyama sont simples pour une thématique plutôt complexe. Car, les règles servent d'excuse afin de parler de la femme avec un grand F, de la plus jeune à la plus âgée.

Ce tome deux, sur un total de quatre, sort un petit peu de la normalité. Au départ, ça a chamboulé nos habitudes prises lors de nos premières lectures, très ancrées dans le quotidien. Là, on parlera quand même d'extraterrestres qui souhaiteront avoir un enfant. Mais, quand on lit cette histoire, on arrive tout de même à être ému. Tellement, que l'on se dit que c'est bien au final que tout se déroule dans l'espace. Ne vous y trompez pas, on parle de ce sujet sans tabou, et le désespoir face à l'impuissance de créer la vie n'est pas bien loin.

Et puis, vous allez avoir des chapitres plus terre à terre. Le premier commence comme ça, et, il devrait être étudié à l'école, n'ayons pas peur des mots. Il semble à première vue pour les hommes, mais, on le verra, le manque de communication est une erreur de la dame. Peut-être est-ce à cause du manque d'empathie du concubin aussi. Pour autant, il saura s'en sortir plus tard avec les honneurs. Il faut le lire à la toute fin, où son sens de la priorité a bien changé, bien heureusement.

D'ailleurs, j'ai fait plus haut référence à l'école. On aura tout un chapitre sur les fameux cours de sexualité. On ne tombe pas dans le piège facile de mettre en avant les tabous de la société. Au contraire, on montre comment il faudrait faire dans le meilleur des mondes. Ça reste du coup passionnant et divertissant. Le petit garçon du fond ne manquera pas de demander quelques précisions à Ragnagna. Celui-ci ne devrait pas se retrouver dans la même situation que le jeune homme du premier chapitre.

Il est normal de considérer certaines histoires plus que d'autres. J'ai partagé les meilleures, mais, certaines sont moins prenantes. Peut-être que vous, elles vous marqueront. Ce qui est sûr, c'est que Ken Koyama a plusieurs cordes à son arc. Il arrive à toucher tous les publics ou les genres. Que ça soit les jeunes adultes, les collégiennes, les danseuses, ou les employés de bureau. Franchement, j'en passe, par contre, ne « passez » pas justement à côté de ce titre ! Ces sujets concernent tout le monde, on veut à l'avenir que les femmes se sentent au mieux lors de ces périodes difficiles. D'ailleurs, il n'y a pas eu une loi en Espagne dernièrement qui donne un jour de congé pour celles qui subissent des règles trop douloureuses pour travailler ? Entre ce sujet et les demandes de remboursement des différents moyens de protections hygiéniques pour les étudiantes, on n'a pas fini d'entendre, à juste titre, de ragnagnas. Le combat continue !