Métaphores

Cette BD originale souffle le chaud et le froid, entre le grinçant et le romantisme aux couleurs roses. Et cela marche très bien. L’auteur utilise un personnage de dessinatrice, Dara, son double féminin en quelque sorte, qui fait paraître dans un magazine de courtes histoires sur l’enfance. Elles sont drôles, dramatiques, dures et sans fard parfois.

Face à elle, Joshua, serveur dans un bar dépeuplé, tombé amoureux de sa beauté intrigante. Il cherche avec son amie Manon, serveuse elle aussi au même endroit, à cerner Dara à partir de ses œuvres, pour s’en approcher et lui déclarer sa flamme. Il ne voit pas que Manon, toute proche, l’aime et souffre de son attirance envers Dara. Auprès d’eux Maxime, seul client visible de ce bar délaissé, aide l’un et l’autre, amoureux lui aussi.

Ce carré amoureux fonctionne, dans l’hésitation de l’évocation du sentiment amoureux, à petites phrases dites à pas feutrés.

La BD propose deux traitements graphiques. D’une part, pour les des histoires courtes, un fond plus sombre et des décors plus détaillés. D’autre part, les échanges de comptoir des trois personnages, sur fond blanc. L’auteur sépare ainsi les mini récits BD où il peut se lâcher et s’affirmer en auteur sarcastique, du réel amoureux ou les personnages ne dominent rien, ni leurs sentiments, ni ceux de la personne aimée. C’est cette confrontation d’univers et de forme de récit qui fait tout l’intérêt de cette BD.

Un récit plein d’humanité qui décrit la recherche de sens, en amour et dans la vie, de personnages traités avec sensibilité. L’auteur a su marier son côté subversif et trash dans des histoires courtes, en les complétant d’un récit romantique sur la quête de l’autre, lointain et pourtant si proche.