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Critique de Sleeper #1

par Le Doc le dim. 11 sept. 2022 Staff

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Le problème avec mon histoire, c'est qu'elle a trop de débuts...

Le terme "sleeper" a plusieurs définitions. Dans le récit qui nous intéresse ici, il désigne un agent dormant, un espion placé dans un pays ou une organisation en tant que potentiel atout s'il est activé. Pour les deux titres au sommaire de cet album, la mini-série Point Blank et le premier volume de la série Sleeper, le scénariste Ed Brubaker a appliqué ce concept aux personnages Wildstorm, en explorant les recoins les plus glauques de cet univers créé pour Image en 1992 avant de basculer chez DC Comics en 1999. 

Tout a commencé par la proposition d'écrire un polar avec des protagonistes bien connus des lecteurs de WildC.A.T.S...ce qui est bien tombé puisque Ed Brubaker est principalement connu pour sa passion du genre qu'il n'a cessé de revisiter tout au long de sa carrière. Impeccablement servi par le trait rugueux du néo-zélandais Colin Wilson, Point Blank place Cole Cash, alias Grifter, au coeur d'un mystère : qui a tiré sur John Lynch, le barbouze en chef des comics Wildstorm ? Le suspense est maîtrisé et le scénariste ne cesse de brouiller les pistes tout au long de cinq épisodes qui mettent le héros à rude épreuve jusqu'à un final implacable. 

Et ce n'était que le point de départ puisque les événements de Point Blank amènent directement à la série Sleeper pour laquelle Ed Brubaker fait équipe avec celui qui est devenu son complice régulier, le dessinateur Sean Phillips. Les deux hommes avaient déjà collaboré, notamment sur le one-shot Batman : Gotham Noir, mais il s'agissait là de leur première longue prestation sur une série mensuelle (en tout, vingt-quatre épisodes répartis sur deux volumes). Et si je suis loin d'avoir lu tous les bouquins du duo, je ne pense pas me tromper en écrivant que Sleeper posait les bases créatives et thématiques de leur oeuvre à venir...

L'histoire de Holden Carver, agent placé par John Lynch au sein de l'organisation criminelle de Tao (création de Alan Moore lors de son passage sur WildC.A.T.S.), c'est celle d'un homme qui s'enfonce dans des eaux de plus en plus troubles, avec un espoir de plus en plus ténu de s'en sortir. Les portraits sont bien caractérisés (et je ne m'attendais pas à être touché par l'histoire d'un psychopathe affublé du nom de Génocide Jones), la voix-off est bien employée et les rebondissements sont nombreux, sur un rythme de plus en plus soutenu avant un dernier acte empreint d'un redoutable pessimisme.

Je ne suis pas le plus grand spécialiste qui existe de l'univers Wildstorm mais ce n'est absolument pas gênant pour se lancer dans la lecture de ce copieux volume car comme l'explique Ed Brubaker dans sa postface, tout ce qu'il y a besoin de savoir se trouve dans ces pages. Et je trouve en effet que l'ensemble est plutôt facile d'accès...Sleeper est violent, sombre, désespéré, les scènes d'action sont nerveuses et l'ambiance paranoïaque est prenante. Le dernier chapitre relance l'intrigue et prépare efficacement le volume 2, notamment grâce au très bon cliffhanger. À suivre, donc !

En bref

Un carnet de croquis composé des recherches graphiques et couvertures signées Colin Wilson et Sean Phillips est disponible en bonus en fin de volume.

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