Un monde poétique et souvent absurde qui séduira tous les amoureux des univers de Lewis Carroll.

J'aime le monde poétique d'Ileana Surducan que j'ai découvert avec son livre "Le cirque, journal d'un dompteur de chaises". Elle excelle dans la création d'un monde oscillant entre merveilleux et absurde… et tout cela sans une seule bulle!

D'une histoire à l'autre, on découvre des personnages tendres et drôles où la gentillesse et l'amitié déborde des apparences ou que la magie peut entrer dans le monde quotidien, mais l'humour peut être parfois grinçant. Ileana Surducan joue avec ses graphismes avec une plasticité formidable : passant des N&B très ligne claire à des aquarelles en passant par des cases inexistantes ou déstructurées.

J'ai particulièrement aimé sa version de "la petite sirène" où toute l'histoire est racontée dans sa longue chevelure jusqu'à ce qu'elle la coupe. L'étrange vision des personnages de "Brume d'automne" qui m'a évoqué un gag de Gaston Lagaffe où le malheureux Longtarin voyait un monstre arriver sur lui alors que ce n'était que Gaston déguisé. Je suis sûre que Lewis Carroll lui-même ne désavouerait pas ce qui se passe "Dans la théière" bien qu'un lapin y remplace le loir! J'ai bien ri avec la mésaventure d'Archimède. "Espace virtuel" est un peu triste mais évoque bien le côté fou des réseaux sociaux où certains communiquent mieux que dans la vraie vie. Le dernier conte "Le secret de la vie" est aussi splendide dans son histoire que dans ses dessins.

Il n'y a aucune violence dans ces histoires bien que l'on y voit un ninja ou des épées ou une hache. Il y a plein d'animaux réalistes ou fantastiques et aussi plein d'humains plus ou moins heureux. C'est un album parfait à partager entre générations car enfants et adultes n'auront pas forcément les mêmes interprétations des histoires et ce serait amusant de comparer ces visions.

Une grande réussite qui mérite d'être découverte par le plus grand nombre de lecteurs.