El presidente, raconte-nous une histoire

Grand amateur de la licence de jeux vidéo Far Cry, je les ai tous fait avec toujours autant de plaisir tant pour les différents scénarios que pour le côté monde ouvert de plus en plus étoffé. Cependant, souvent déçu par les adaptations de jeux vidéo en BDs, comics ou même au cinéma, je dois bien avouer que je n’ai pas sauté sur cet album.

Le scénario est très simple : l’antagoniste du 6ème opus, dont les traits sont copiés sur ceux de Giancarlo Esposito, part avec son fils en forêt pour son treizième anniversaire, passage vers l’âge adulte après avoir assisté à ce rite initiatique. Durant cette promenade sylvestre, il raconte au petit Diego le destin de 3 personnages que les joueurs assidus reconnaîtront très certainement : Vaas Montenegro, Pagan Min et Joseph Seed. Pour ceux qui n’ont jamais joué au jeu, même si je ne pense pas qu’il y ait grand monde qui s'aventure dans ce comic-book sans connaître la licence, sachez qu’il s’agit des “méchants” des jeux 3, 4 et 5. Donc un méchant qui raconte à son fils les enfances et morts de 3 autres méchants pour qu’il puisse en tirer des leçons de vie… Pourquoi pas.

Le problème c’est que l’album en lui-même n’apporte aucune révélation qui pourrait lui donner un intérêt. On a plus entre les mains un produit dérivé dans lequel on aura un peu de plaisir à retrouver le charismatique Anton Castillo mais sans plus.

Bryan Edward Hill, qui signe le scénario, a cependant réussi à synthétiser les différents récits de manière efficace, comme trois petits contes avec une ambiance et une morale pour chacun.

Au dessin, je n’ai rien trouvé d’extraordinaire au trait de Geraldo Borges. C’est plutôt propre dans l’ensemble même si quelques proportions ou l'absence des sourcils fournis de Diego (qui sont pour moi ce qui le rend très reconnaissable) m’ont un peu fait tiquer. C’est un style graphique qui peut toucher un public assez large mais qui n’a rien de notable à mon goût.

Ce qui pourrait faire la différence, c’est le travail de lumière et de couleur de Michael Atiyeh qui donne du relief au dessin et pose différentes ambiances qui rappellent (rapidement) celles des différents jeux.

C’est à mon sens un comic-book très anecdotique tant sur le fond que sur la forme. Ca n’apporte pas grand chose à l’univers des Far Cry et ça reste une écriture et un dessin assez classiques.

Édité par Black River, l’album ne fait que 80 pages. Et ce qui me fait le plus tiquer, c’est son prix de 15,90€ pour un one-shot en trois chapitres. Je ne parle pas souvent du prix parce que le marché est ce qu’il est mais là je trouve vraiment ça très cher pour ce que c’est, et encore plus après l’avoir lu. Surtout que le livre, en plus d’être fin, a un format de 17*26cm qui me paraît petit pour ce prix de vente. De plus, on n’a aucun contenu éditorial qui pourrait justifier ce prix avec quelques planches, chara-design ou processus de l’équipe artistique pour l’adaptation en comic-book et c’est bien dommage.