Un diptyque intéressant mais qui peut choquer par la crudité des scènes de sexe.

La Terre meurt et les humains vivent dans des bulles (pour le moment, ce n'est pas original). Deux volontaires : René et Josiane vont tester une nouvelle vie totalement artificielle : leurs corps sont enfermés dans une espèce d'œuf technologique et branchés sur un programme qui va évoluer selon leurs actions. Josiane va se lancer au début dans une quête de sexualité en ne se refusant aucun fantasme. René a plus de mal avec cela et va se lancer dans la création d'un univers réel dont il deviendra la divinité : le "Bien-Aimé". Mais ils vont tomber amoureux l'un de l'autre alors que toute l'humanité est mise dans des œufs. Mais tous ne supporteront pas cette vie artificielle.

Cela donne un diptyque de SF plutôt surprenant et original. Il y a cette très intéressante variation sur le thème de la divinité qui a oublié sa création et je ne suis pas sûre que René ait vraiment maîtrisé ses actes. Thomas Cadène a l'intelligence de nous laisser de la liberté pour imaginer une suite à son histoire. Il y a des détails intéressants comme le fait que les deux cobayes ont une mémoire "informatique" illimitée alors que les autres personnes doivent payer pour avoir plus ou moins de possibilités de créer leur univers virtuel. J'ai aimé le côté poétique du décor marin choisi par René (voir couverture du tome 1). Je me demande juste comment René a pu créer un monde tangible où il peut se rendre physiquement alors que les autres semblent limités à des mondes virtuels.

Les dessins de Joseph Falzon sont tout simplement merveilleux aux deux sens du terme. Il y a le côté poétique de certains univers crées en particulier par René. Il y a une superbe page où René est au sommet d'un arbre qu'il a fait naître d'une graine 2 pages avant. Les personnages sont beaux et expressifs. L'univers créé par René est représenté comme un monde suivant les codes de la fantasy avec une évolution semblant s'être bloque dans une sorte de Moyen-Âge. La colorisation de Marie Galopin rehausse les dessins sans les écraser avec des effets excessifs.

Un diptyque à lire pour les amateurs de SF, mais, attention, les nombreuses scènes de sexe le réserve à un public de grands adolescents et adultes (+15ans selon l'éditeur).