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Critique de Batman – one dark knight

par Ben-Wawe le sam. 12 nov. 2022 Staff

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Entre Une journée en enfer et New York 1997, le récit unique de Jock offre une nuit terrible à un Batman seul face aux démons de l'âme humaine

Urban Comics publie depuis fin octobre 2022 un nouveau volume de sa collection DC Black Label, qui reprend des productions de la même gamme en VO. Celle-ci propose des récits hors-continuité, généralement des mini-séries en trois épisodes, sur des sujets parfois plus matures ou plus violents. Beaucoup de projets se concentrent sur Batman et son univers... et ce Batman : One Dark Knight correspond à cette approche générale plus rude, plus intense et ici très réussie.

L'artiste Jock, de son vrai nom Mark Simpson, est un auteur écossais qui fête cette année ses cinquante ans. Lui qui a travaillé sur Judge Dredd, The Losers, Green Arrow : Year One mais aussi plusieurs sagas Batman en profite pour réaliser sa première œuvre complète.
Batman : One Dark Knight est en effet un récit qu'il dessine et écrit entièrement. Il produit trois gros épisodes publiés en février, mai et septembre 2022 – ce qu'il faut souligner, vu l'adaptation rapide et réussie d'Urban Comics moins de deux mois après la fin de la saga !

Mais de quoi parle Batman : One Dark Knight ?
Dans une Gotham City très proche de celle des comics classiques, la population se prépare à une canicule étouffante et une nuit difficile. Du fait d'une manœuvre de la détective Rita Vasquez, directrice du département carcéral de la police, un transfert est organisé entre l'asile d'Arkham et la prison Blackgate. Le super-vilain Edward M. Pressler, dit EMP du fait de ses pouvoirs électro-magnétiques, sort de sa cellule pour la première fois depuis cinq ans, afin que le détective Vasquez prouve l'intérêt de sa politique carcérale agressive. Batman suit le transfert en Batplane, mais... plusieurs gangs préparent des attaques combinées ou contraires.
Les Z-Boys de la Famille Beretti, les soldats de Sprang Bridge, le Clan Maroni, les Neon Dragons, les Steel Sevens, la Mafia Bertinelli, la Mafia Khadym de l'East Side, les Midtown Marauders, le Cartel Penitente et les Tazers d'EMP vont faire s'embraser la ville, pour tuer ou récupérer le super-vilain. Un EMP qui, hélas, se libère un moment, utilise ses pouvoirs... et provoque un black-out général dans Gotham !
Seul, sans Batplane, sans Batmobile, sans engin électronique, dans une Gotham qui explose dans les ténèbres, et face aux manipulations d'une détective Vasquez fourbe, Batman doit emmener un EMP surprenant jusqu'à Blackgate. Les révélations en apprennent plus sur le drame intervenu cinq ans plus tôt... et les conséquences sur le jeune et étonnant Brody, qui sera moteur dans un final déchirant.

On le comprend en lisant ce résumé, Jock propose un récit à l'intrigue simple, mais pas simpliste.
Oui, en effet, Batman : One Dark Knight vise uniquement à raconter le cheminement de Batman entre un point A (le site de l'attaque et du crash) et un point B (Blackgate, plus particulièrement son pont reliant la prison à Gotham).
Oui, en effet, l'ensemble consiste à montrer comment un Batman affaibli, de plus en plus blessé et maltraité, tente d'avancer face à des légions de gangsters acharnés... mais aussi un autre super-vilain connu, et bien terrifiant ici.
Oui, en effet, Jock ne cherche pas à livrer un récit profond ou complexe, et les révélations sont assez prévisibles en elles-mêmes.
… mais qu'importe, parce que tout fonctionne avec beaucoup de solidité et d'efficacité !

Jock livre donc un récit simple, oui, mais extrêmement efficace et pertinent. Son Batman n'a rien du Super-Batman ou de l'über-Batman, tel que défini par Grant Morrison à la fin du XXe siècle, où il réussit tout avec classe et style. On le voit ici bon, doué, puissant mais pas du tout invincible. Il souffre, peine, ne réussit pas tout, et saigne ; beaucoup. Il s'en sort grâce à sa malice, son expérience, son intensité et sa détermination.
Il est rafraîchissant de voir un Batman plus « humain » que d'habitude, autant dans ses capacités que dans ses interactions. S'il est évidemment sombre et déterminé, il n'est pas un monstre insensible. Notamment avec un EMP, super-vilain créé ici, pas forcément original mais très touchant comme être humain. Nous ne sommes pas face à un salaud absolu, mais face à un homme perdu, rongé par la culpabilité, les actes manqués et des pouvoirs qui le dépassent.
Jock propose également d'autres bons portraits, comme le personnage troublant du détective Vasquez, aux motifs compréhensibles mais aux actes terribles (il est d'ailleurs dommage de rester dans le flou sur le sort réservé à Renée Montoya ici). Gordon est présent mais plus secondaire, alors que le jeune Brody est bien écrit, notamment dans son interaction avec EMP après les révélations de Vasquez.

Jock gère ainsi très bien un casting guère fourni, mais très efficace et agréable. Les rebondissements sont également pertinents, très orientés sur l'action mais sans tomber dans le bourrin ou la violence inutile.
Comme évoqué dans le titre, l'on a ici des similitudes avec des films bien connus. L'on retrouve du Une journée en enfer / Die Hard with a Vengeance pour toutes les galères qui tombent sur un Batman exsangue, mais qui s'acharne et s'affaiblit au fil d'heures terribles. L'on a aussi du New York 1997 / Escape From New York avec un héros qui tente d'échapper à une ville sauvage, hantée par les gangs sans foi ni loi, à la seule force de ses poings.
Les références sont bonnes, intégrées mais pas copiées/collées. Jock s'amuse de ces liens, et amuse son lecteur.

Graphiquement, le dessin correspond à ce que l'on attend de l'artiste. Son style nerveux, dynamique, évidemment très sombre, minimaliste fonctionne extrêmement bien dans cette ambiance oppressante. La gestion des ombres est formidable, les ténèbres sont presque vivantes, et les menaces sont partout.
Surtout, Jock se permet quelques belles illustrations « lumineuses », pour mettre en avant l'allure épique de Batman. Cela fonctionne très bien, et le dessinateur conserve son très grand dynamisme ainsi que sa signature, son atmosphère, son ambiance si particulières.
Guère de surprise graphique, donc, mais une prestation réussie et qui comblera les fans.

En bref

Batman : One Dark Knight est un récit simple mais efficace, sobre mais pertinent. Jock propose un scénario intense, qui se révèle plus prenant et touchant que l'on pouvait le penser. Il assure un graphisme très réussi pour une ambiance étouffante, afin de livrer un ensemble extrêmement agréable et réjouissant. Une bien belle œuvre, qui n'a pas grande ambition mais accomplit tout ce qu'elle veut proposer !

8
Positif

Un scénario intense, prenant et très pertinent, qui assume ses bonnes références.

Des personnages bien écrits, plus émouvants que l'on pouvait le penser.

Un graphisme très réussi, idéal pour ce récit étouffant.

Negatif

Un récit très réussi mais quand même « simple », qui ne surprendra guère et ne marquera pas la franchise.

La facilité de gestion des personnages, bien écrits mais quand même très marqués par leurs fonctions dans le récit.

L'incertitude sur Renée Montoya, assez gênante.

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