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Critique de The division - extremis malis

par Ben-Wawe le mer. 21 déc. 2022 Staff

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Un thriller militaire post-apocalyptique correct et cohérent, qui reprend bien le jeu-vidéo mais sans sortir d'un carcan peu ambitieux

L'éditeur Black River est lancé en 2022 et, depuis quelques mois maintenant, propose des versions françaises de sagas comics liées aux grandes icônes de la culture populaire. L'objectif est bien de s'ouvrir aux thématiques de l'imaginaire, sans forcément s'attacher aux super-héros ; mais en restant lié à des marques fortes, souvent connues dans d'autres domaines.
Ainsi, après avoir notamment proposé des comics adaptant le jeu de cartes Magic l'Assemblée, Black River publie ici un récit dérivé d'un jeu-vidéo : Tom Clancy's The Divison.

Sorti en 2016, ce jeu MMO (jeu en ligne multijoueur) fonctionne via le tir à la troisième personne, avec des aspects jeu de rôle pour construire son personnage.
Dans une époque contemporaine, le pathogène Poison Vert est diffusé à New York durant le Black Friday par des billets contaminés, ce qui provoque un chaos sans précédent dans les Etats-Unis. Le gouvernement met en quarantaine les villes principales, et enclenche la Directive 51 pour déployer les agents de la Strategic Homeland Division, dite la Division, qui intervient en cas de catastrophe ultime.
Le jeu place le joueur dans la peau d'un agent de la Division de la deuxième vague de déploiement, car ceux de la première mouture sont morts ou portés disparus. Il collabore ainsi avec la Joint Task Force, dite TSK, qui concerne des policiers, militaires et services de secours. Afin de confronter diverses organisations qui veulent profiter du chaos pour des fins criminelles ou idéologiques.

Une suite sort en 2019, un autre titre est en cours de développement chez l'éditeur Ubisoft. L'ensemble est relié au très prolifique romancier Tom Clancy, spécialisé dans l'espionnage, type techno-thriller ou thriller politique, dont plusieurs œuvres ont été adaptées au cinéma (comme les Jack Ryan).
Plusieurs jeux-vidéos s'inspirent directement ou indirectement de ses productions, comme Rainbow Six ou Ghost Recon. Tom Clancy's The Division ne reprend pas des éléments précis, mais récupère les éléments majeurs de son œuvre afin de livrer des scénarios originaux.

Ici, Black River publie la saga Extremis Malis, qui fait le lien entre les deux jeux-vidéos.
L'on y découvre trois personnages qui sont apparus dans la démo présentée à l'événement E3 en 2018 (lien ici).
L'agent Caleb Dunne, ancien médecin désormais membre de la Division, travaille avec Mathias Kaminsky, autre agent avec qui il se lie d'amitié. Hélas, Mathias est assassiné en mission par Mantis, une femme mystérieuse, qui semble liée à une conspiration impliquant plusieurs factions terroristes de la Côte Est. A noter que Mantis apparaît également dans Tom Clancy's The Division 2 et dans un roman dérivé. Malgré les demandes de sa cheffe, Faye Lau qui apparaît dans les jeux, Caleb suit une piste pour retrouver Mantis – et se venger.
Il collabore alors avec Heather Ward, localisée à Philadelphie, puis s'allie à Brian Johnson, placé à Fort Meade auprès de la NSA. Tous trois vont mener quelques missions, avant de retrouver Mantis... et Caleb Dunne va devoir choisir entre la Division et la vengeance.
On le comprend, Tom Clancy's The Division : Extremis Malis est une mini-série en trois épisodes avec un pitch très classique dans cet univers. L'on retrouve une ambiance de thriller d'espionnage, avec en outre une grosse mise en avant de la technologie de la Division, similaire aux éléments du jeu-vidéo.

Le scénariste Christopher Emgard, qui a notamment écrit le premier jeu-vidéo, est en terrain connu et immerge aisément le lecteur dans l'ambiance générale. Il n'y a guère de fausse-note, le décorum techno-militaire est bien intégré et est amené de manière assez fluide, sans que cela soit trop lourd ou informatif.
Le lecteur qui n'a pas joué aux jeux peut être un peu perdu avec les sigles et organisations, mais la lecture demeure agréable car l'auteur s'acharne à expliquer chaque partie, chaque nouvel acteur dans l'intrigue.

Cette même intrigue est elle-même agréable, bien que limitée.
La lecture des trois épisodes est en effet fluide, plutôt prenante, car il y a quand même un suspense sur le sort de Mantis aux mains de Caleb Dunne. Celui-ci demeure un personnage classique, comme ses alliés, mais ils sont bien écrits et surtout menés.
En effet, le scénario prend son temps pour bien expliquer leurs tiraillements (avec un épisode centré sur le ressenti personnel de chacun). Il n'y a là rien de révolutionnaire, ni dans l'approche ni dans le fond, mais ça fonctionne.
Bien que, encore une fois, tous ces éléments sont quand même déjà-vus, déjà-lus et très prévisibles. Il n'y a guère de surprise, ici, et si le récit est sympathique, il n'y a jamais de choc particulier ou d'élément intriguant.

Dommage, d'autant que la lecture achève la quête de Caleb Dunne et de ses alliés... mais sans évoquer clairement la conspiration ennemie.
Certes, Caleb retrouve Mantis et « règle » son cas. Les personnages vivent une aventure avec un début, un milieu et une fin ; et ils avancent, ils évoluent.
C'est bien. Mais l'ensemble garde une ambition très limitée.

Graphiquement, l'Argentin Fernando Baldo a une carrière discrète mais son trait est efficace. Les postures sont parfois figées, les scènes d'action manquent de dynamisme, mais l'ensemble reste très correct. Les personnages sont bien dessinés, reconnaissables, différents. Les éléments de jeux sont bien repris, et les décors sont présents et efficaces.
Un ensemble réussi, professionnel ; pas brillant, mais très correct.
D'autant que la mini-série bénéficie de formidables couvertures du regretté John Paul Leon, au style si particulier et travaillé.

En bref

Cette saga comics située entre les deux jeux-vidéos Tom Clancy's The Division est agréable, prenante et réussie ; mais sans originalité en soi, et avec une ambition limitée. Ce n'est pas un tort en soi, c'est un très bon complément aux jeux-vidéos, et c'est en outre une bonne histoire, efficacement dessinée. Un bon moment... ni plus, ni moins !

7
Positif

Une bonne saga, sans fausse note et bien rythmée.

Une certaine pédagogie pour les lecteurs non-joueurs, ou pour rappeler les bases.

Un scénario pertinent, qui ne verse pas dans le militarisme et gère efficacement des personnages classiques mais bien animés.

Negatif

Un manque d'originalité qui ne gêne pas, mais rend l'ensemble très prévisible.

Une ambition très limitée, pour régler « juste » la saga intime des personnages, en laissant de côté une conspiration à peine effleurée ; frustrant.

Un classicisme scénariste et graphique qui peut rendre l'ensemble plus fade.

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