Critique de Hiraeth, la fin du voyage #2
par Tampopo24 le dim. 12 févr. 2023 Staff
Rédiger une critiqueDe vie à trépas
Emportée par le tome 1, c'est avec émotion que j'ai retrouvé le trio dans son road-trip vers... la mort ! Avec la maestria graphique qu'on lui connaît, Yuhki Kamatani vient à nouveau gratter nos convictions sur la mort et la vie.
Intrigue étrange, il n'y a vraiment que les japonais pour mêler à ce point vie et mort dans leur spiritualité et en faire une histoire à la fois barrée et sensible. Pendant toute ma lecture, j'ai ainsi été partagée entre l'émotion des thèmes abordés et l'envie de rire du décalage produit par la légèreté dont font preuve nos héros alors qu'ils ne devraient pas. Etrange.
Cette étrangeté n'a pas été sans me rappeler celle dont fait preuve Aki Irie dans ses séries Dans le sens du vent et Le monde de Ran, où l'autrice a le même talent graphique, la même virtuosité magique de la mise en scène et le même côté décalé malgré parfois des sujets puissants. Je vois vraiment un lien entre les deux autrices ici et je me demande si l'une n'a pas inspirée l'autre ou si elles n'ont pas travaillé ensemble tant la synergie est forte.
J'ai donc adoré retrouver notre trio de la mort, à savoir un dieu, un immortel et une suicidaire. Cette fois, ils font la rencontre d'une fille qui est leur nemesis : elle veut à tout prix vivre et comprendre le secret de l'immortalité alors qu'eux ne souhaitent que s'en débarrasser. C'est très singulier. A travers cette rencontre, l'autrice nous parle avec force de la peur de mourir, de la volonté de vivre, de la maladie et la fin de vie, des thèmes difficiles mais ici traités avec une légèreté non pas coupable mais déculpabilisante. Oui, on a le droit d'avoir peur de mourir. Oui, on a le droit de désirer l'éternité. C'était pareil dans le tome 1 mais dans le sens inverse. L'autrice nous permet de mieux comprendre et accepter les désirs de chacun face à la vie qu'il vit de son plein gré ou non. C'est assez fort.
Le ton est pourtant volontiers léger, avec des personnages assez fou fou, mais l'émotion n'est jamais bien loin et l'utilisation du folklore shintoïste n'y est pas pour rien. Avec cette ambiance entre vie et trépas, on plonge dans un monde de tradition qui a un je ne sais quoi d'onirique. J'aime beaucoup ce décor, utilisé notamment ici pour évoquer les multiples passés d'Hibino, immortel qu'on découvre de plus en plus sensible, mais également l'entité qu'est Hani et ce que la spiritualité et les croyances peuvent revêtir. C'est très riche et tellement joliment mis en scène à l'image de cette couverture pleine de symbolique où Hani justement est mis en avant. Je suis amoureuse de ce trait à la virtuosité virevoltante.
En bref
Nouvelle lecture frôlant le coup de coeur, je suis sensible à l'écriture de Yuhki Kawatani sur la vie et la mort, nos désirs d'éternité ou de disparition. Elle conte cela avec une belle poésie, subtile et sensible, drôle et tendre, souvent émouvante et toujours doucement percutante sous ce trait tellement enchanteur et envoûtant. Je suis fan !
Positif
Une mangaka virtuose
Une belle utilisation du folklore shintoïste
Une nouvelle rencontre en mode "miroir"
Des thèmes toujours aussi puissants
Des dessins sublimes
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