Delicius spiritus sancti

Nous sommes dans les années 30 aux Etats-Unis. Le racisme contre les noirs est toujours d’actualité. Nous sommes projetés au cœur d’un couvent dans lequel une jeune femme vient d’arriver, sœur Holly. Cette dernière est loin d’avoir le profil de la sœur qui épouse la foi par vocation. On ne sait pas vraiment ce qu’elle fait, si elle fuit quelque chose ou quelqu’un ou bien si elle a un plan tout autre, toujours est-il qu’il lui est compliqué de suivre les règles du couvent. En parallèle à son histoire, le couvent est rattrapé par ses créanciers et doit rapidement trouver de l’argent pour payer ses dettes. Abritant un ancien alambic, les sœurs décident de se mettre à fabriquer et vendre de l’alcool au marché noir pour sauver le couvent. Une drôle de situation qui questionne et qui va bousculer la vie des sœurs et d’Holly particulièrement.

Ce premier album est bien réalisé. Les dessins sont soignés, on distingue facilement les personnages et les visages sont expressifs. L’auteur est également à l’aise avec les décors et les véhicules de l’époque. La colorisation se marie bien avec les dessins et reste dans l’esprit des années 30.

Le scénario est également maîtrisé. On sent que l’auteur en garde sous le coude pour le prochain album et ne dévoile uniquement ce qui est nécessaire pour comprendre ce qui se déroule sous nos yeux. Le passé d’Holly reste mystérieux et on ne sait pas vraiment en fin d’album ce que vont devenir ces sœurs qui fabriquent désormais de l’alcool. L’intervention de la mafia et le lien possible avec Holly viennent titiller la curiosité du lecteur qui est rapidement happé par l’histoire. En parallèle, l’auteur arrive quand même à développer quelques personnages secondaires comme la Mère Agatha par exemple ou encore Sœur Bethany.

On repense évidemment au film Sister act ou encore à la bd Sœur Marie-Thérèse car on retrouve un peu d’humour dans ce premier tome. Cela reste tout de même une jolie histoire de femmes qui vont mener un combat pour sauver le couvent. Chacune trouvera une raison personnelle pour aller au bout de ce plan improbable. Afin de rembourser des dettes, elles devront franchir certaines limites qu’elles reprochaient jusqu’alors à la mafia, ces actes répréhensibles qui éloigneront par moment nos sœurs du droit chemin. L’album se termine avec un dernier rebondissement qui prend le lecteur à contre-pied. Je ne sais pas du tout comment tout cela finira mais il me tarde de lire la suite pour assouvir cette curiosité.