Un expat' au coeur de la Chinafrique

Karim Lebour est journaliste pour France Presse, il quitte New York (CF. Une saison à l’ONU ) et son poste de correspondant à l’ONU pour couvrir l’Éthiopie. Là il est briefé et accompagné par Vincent Defait, co-auteur et journaliste indépendant. Le métier de journaliste dans un pays où toute critique est muselée requiert une bonne dose d’adaptation !

Le ton est agréable, l’auteur est à la fois un peu agaçant dans son rôle d’expat et drôle parce qu’il a un vrai sens de l’autodérision. Une saison en Ethiopie est un pèle-mêle bien dosé entre des informations importantes pour mieux comprendre ce pays, le rôle qu’y joue la Chine notamment et des anecdotes drôles sur la vie des auteurs. La bureaucratie pour les journalistes, c’est un peu le formulaire A38 d’Obélix ! Le mix des deux donne une vraie légèreté de lecture alors que la situation géopolitique ne prête pas vraiment à sourire.

La construction entre deux déménagements et le symétrique entre celui qui reçoit les infos au départ et qui les transmet à l’arrivée est bien mené. Un autre intérêt de cet ouvrage vient du fait que Karim Lebhour s’est retrouvé sur le plan politique et journalistique au bon moment en Éthiopie pour saisir sur place la bascule entre un régime autoritaire -qui serre la vis mais essaie quand même de développer le pays et d’assurer une vie meilleure à sa population- et la crispation dictatoriale de ce même régime avec l’interdiction pure et simple des voix d’opposition ; ce qui conduira à l’état d’urgence puis à la guerre civile. La post face explique aussi les étapes entre le départ de Karim Lebhour et la situation actuelle en Ethiopie.

Les dessins de Léo Trinidad sont simples, les personnages ont de bonnes têtes et sont plutôt expressifs. Le gros bémol selon moi est le choix de la colorisation en sépia. Je regrettais déjà le choix de la bichromie pour Une saison à l’ONU mais on a tous en tête des images de New York, on peut « remettre la couleur » en lisant. Alors que là, c’est un peu frustrant, l’auteur est par exemple, face à une « montagne à couper le souffle » et franchement, en sépia, ça ne se voit pas. C’est pas très grave parce que je suis allée voir les vrais paysages ou marchés sur Internet mais je crois qu’il y avait moyen de faire plus beau avec un autre choix pour la colorisation.

Malgré cela, Une saison en Éthiopie est une réussite alliant humour, anecdotes et informations intéressantes. Cela permet de mieux connaître l’Éthiopie, son fonctionnement et ses problématiques. Je le recommande et ceux qui ont aimé Une saison à l’ONU ne seront pas déçus.

En bref

Une saison en Éthiopie est un pèle-mêle bien dosé entre informations importantes pour mieux comprendre ce pays -ses rapports avec la Chine, ses craintes, son fonctionnement politique- et anecdotes drôles sur la vie d’expat’ des auteurs. Le mix des deux donne une vraie légèreté de ton, et malgré quelques réserves sur les choix de colorisation, je recommande cet ouvrage instructif et divertissant.

7
Positif

humour

témoignage du basculement d'un pays

place de la Chine dans le développement de l'Ethiopie

Negatif

colorisation

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