Eternel combat

Super BD que voilà, qui remet à sa juste place le personnage et les engagements de toujours de Gisèle Halimi. Un combat pour sa propre émancipation d’abord, étendu à l’émancipation de toutes les femmes ensuite. Une bataille qui commence dans sa prime jeunesse, en Tunisie. Fille juive berbère, dans une culture où la naissance d’une fille est vu comme une malédiction, c’est pour elle un combat quotidien pour l’égalité des chances et une juste répartition des corvées ménagères. Vive, têtue, éprise de justice, ses capacités et ses résultats scolaire lui permettent d’aspirer à mieux que son frère, à échapper au statut de femme au foyer dépendante financièrement de son mari qui lui est promis. Ce sera d’ailleurs toute sa vie le message qu’elle transmettra par ses écrits et ses actions : « soyez indépendantes économiquement, c’est une règle de base ».

On se rend mieux compte de la vie d’une jeune fille, dans cette Tunisie sous protectorat français, avec les tumultes de l’indépendance, puis de la seconde guerre mondiale. Un lieu et une époque où se forge son désir d’égalité, des sexes et des nationalités, sa vision du respect de l’autre et de ses différences, dans un contexte encore plus compliqué et rétrograde qu’il ne l’est aujourd’hui.

A l’initiative de bien des combats, de la défense des opprimés aux droits des femmes, c’est cette période d’enfance et d’adolescence qui forge en partie la personnalité exceptionnelle de l’avocate de renom qu’elle deviendra.

Le dessin, un peu naïf, colle à un récit de l’enfance, qu’est cette biographie.

Avec cette BD, le lecteur rentre dans l’intimité d’une femme exceptionnelle, qui, dès son plus jeune âge, refuse tous les carcans culturels, religieux et un destin déjà écrit. Elle construit son propre avenir, quel qu’en soit le prix, sa propre destinée de justice et de droit pour toutes et tous.