Être un fil d’Ariane

C’est la rentrée au collège. Pas de quoi se réjouir pour Victor. C'est un cancre en tout, il a un vocabulaire approximatif, il a l’impression de ne rien connaître si ce n’est l’échec scolaire et ne se sent pas à la hauteur en général. A part pour les Panhard. Il débute sa nouvelle année scolaire avec de bonnes résolutions à hauteur de chaussettes et en attente d’un miracle pour réussir à s’en sortir.

Le miracle, c’est Marie-José. Elle est exceptionnelle en tout. Exceptionnellement intelligente, d’abord, elle a une culture incroyable pour son âge et est une prodige au violoncelle. Comme elle a tout, la nature lui a donné un secret, un secret difficile parce que sinon, c’est vraiment pas juste pour les autres. Le secret de Marie-José va devenir la mission de Victor qui se sentira tellement mieux de se savoir utile.

Leur rencontre est une petite merveille d’optimisme, de douceur, d’attention à l’autre. Je me souviens du sous-titre d’Amélie Poulain, « cette fille-là va vous faire aimer la vie ». C’est tout à fait ça pour cette histoire, elle va vous faire aimer la vie.

Les dessins d’Anne- Lise Nalin sont soignés et délicats dès le départ, très réalistes. Dès la deuxième de couverture, on a une portée sur laquelle est assise Marie-José. En bas, Victor la regarde. C’est juste une esquisse en monochrome mais il y a toute la tendresse du monde dedans. Cela donne le ton : c’est une belle histoire, et un bel objet. J’ai lu et adoré le roman de Pascal Ruter et c’est avec grand plaisir que j’ai redécouvert les personnages de Victor et Marie-José sous les traits d’Anne-Lise Nalin : les personnages sont tous très beaux, ils ont des yeux très expressifs et on devine bien leurs émotions juste avec les crayonnés sur les joues. C’est magnifique. Mention spéciale pour deux scènes : celle du musée et celle des préparatifs. Tout se passe de mots. Cela crée un décalage de rythme intéressant car, pour le reste, c’est une BD où on parle beaucoup. Et chaque mot a son importance. Les paroles d’Haïçam sont des trésors de sagesse, celles de Victor de la sensibilité brute.

Tout est beau dans cette BD : les personnages, les dessins, l’histoire, les dialogues. On passe du rire aux larmes, c’est un trésor de douceur et d’optimisme. Je le recommande sans réserve.