Professeur engagé ? Non, professeur décalé !

Le monde du josei est très éclectique. On peut trouver des histoires écrites pour plaire même à des lecteurs plus jeunes et d'autres qui sont résolument orientées vers un public adulte. Avec son humour pince sans rire et ses allures rétro, Hoshi dans le jardin des filles penche assurément de ce côté.

Petit phénomène au Japon, en à peine 3 tomes la série s'est déjà faite remarquer aussi bien par le public que la critique et a même remporté le Kono manga ga sugoi ! 2021 dans la catégorie "manga pour filles" ainsi que le Prix "Social Impact" du 25e Japan Media Arts Festival.

Pourtant quand on lit le titre, il est assez simple. Il surfe sur un style humoristique un peu guindé et décalé fort savoureux et reprend une esthétique rétro rappelant certains shojo horrifique ancien comme Shiori & Shimiko. C'est très singulier. Avec son format épisodique en plus, il propose un ensemble d'histoires sans réel fil rouge en dehors de leur localisation dans le lycée où enseigne ce cher Hoshi, ce qui rend la lecture à la fois étrange et un peu anecdotique.

On passe un bon moment à découvrir ce professeur pas comme les autres, un peu à côté de la plaque malgré ses allures de type hyper sérieux et carré. On s'amuse de plonger avec lui dans les coulisses d'un lycée pour filles où celles-ci ne se comportent pas du tout de la même façon par rapport à un lycée mixte. On rit devant leur naturel et on découvre aussi des filles qui s'amusent, comme les garçons, à dénigrer et se moquer de leurs professeurs, on encore qui n'ont plus la même tenue. C'est décalé et rigolo mais pas avec un humour gras et lourd, plutôt avec un humour subtile et grinçant, basé notamment sur des jeux de mots ou des situations fines. 

J'ai aimé voir le décalage entre ce titre, la réalité qu'il décrit et ce qu'on lit habituellement dans les comédies lycéennes. C'était drôle d'avoir un prof tellement loin de l'image qu'on en a habituellement et en même temps tellement proche de la réalité. Le suivre jusqu'à la salle des profs et le voir vivre en dehors du lycée est d'ailleurs une belle idée. Mais on n'est pas dans un optique "drame" à la GTO ou Professeur Eiji, ici c'est juste du pur tranche de vie. On suit par exemple le cahier de rapport journalier des élèves avec leurs drôles de commentaires, une fan d'Hoshi qui tient un journal sur lui, on découvre le chien de la classe voisine ou on le voit aider une élève sans talent mais voulant devenir mangaka. Tout est prétexte à gentiment se moquer de lui.

Le titre est de ce fait assez particulier. Il a quelque chose d'anecdotique. On peut l'arrêter à tout moment sans frustration. Le côté très pince sans rire du héros met un peu une distance entre lui, ses histoires et nous, le dessin classe et rétro également, car malgré son côté réaliste, il faut aussi un peu froid et académique. Cela a beau être drôle, ça manque un peu d'âme et de vie.