En route pour la Joconde

Qui n’a pas rêvé d’entrer dans un tableau ? De rencontrer le peintre ? Les personnes représentées ? C’est ce voyage initiatique que propose Le Voyageur. Patrick est un gardien de musée irascible, peu touché par les œuvres qu’il côtoie quotidiennement au Louvre. Et puis un jour, la Joconde l’appelle et l’invite à la rejoindre à l’intérieur du tableau. Ce voyage onirique à travers les œuvres de Léonard va changer sa vie. Car on est là entre peinture et psychologie : au cours de cette ballade dans la Toscane du XVIe siècle, c’est un voyage intérieur que fait Patrick. Les frontières entre l’œuvre d’art et la vie sont minces grâce au fameux sfumato de Léonard. Est-ce que la Joconde, c’est moi, toi, nous ? Est-ce la raison de son succès ? L’œuvre d’art procède comme une mise à distance symbolique et permet au personnage de dépasser ses blocages, ses traumatismes d’enfant. Le Voyageur est donc une œuvre quasi-psychanalytique. Assez étrange.Je ne saurais dire si j’ai vraiment aimé le scénario, il est certes surprenant mais j’ai eu du mal à entrer dedans.

En revanche, les dessins de Joël Alessandra sont magnifiques. Il utilise une double palette : des teintes de bleus pour le présent de la réalité et l’aquarelle et ses nuances pour la promenade dans les œuvres de De Vinci. C’est très réussi, il y a de grandes illustrations, les reprises des œuvres sont de qualité ; au niveau esthétique, Le Voyageur est un vrai moment de plaisir. On se plaît à s’évader dans les paysages, à retrouver les tableaux et les inventions de Léonard.

Le voyageur est à mi-chemin entre l’émission d’Art d’art et l’essai de Freud Sur le rêve, à ce moment où l’émotion esthétique rencontre la quête de soi. Pour tous les amateurs de peinture et de psychologie.