L'Héritage de Thanos

Dans une interview, Roger Stern a qualifié sa collaboration avec les dessinateurs principaux de sa prestation sur Avengers de période aussi amusante que frustrante. Frustrante car il n'a jamais pu discuter des histoires avec les deux bonhommes aussi régulièrement qu'il le voulait. Egalement responsable éditorial et scénariste/dessinateur d'autres titres (comme Spectacular Spider-Man), Al Milgrom était très occupé. Et lorsque ce dernier a été appelé pour s'occuper de la partie graphique  des Vengeurs de la Côte Ouest, la place de la série principale est revenue à John Buscema. Mais comme on le sait, Big John n'était pas très intéressé par les super-héros et dès son deuxième épisode (le #256), il n'a plus livré que des esquisses (breakdowns), le regretté Tom Palmer étant crédité comme un "finisher", avec tout ce que cela implique (il est resté "juste" un encreur en V.F.). 

Mais même si Buscema laissait beaucoup de latitude à Tom Palmer, cela a donné un run de qualité, une série que j'aimais suivre mois après mois dans Strange. Et la relecture est très intéressante, notamment grâce à la construction des intrigues. Le #255 traite des conséquences des actions de Vision, avec des interactions bien écrites (si certains Avengers ont pardonné au synthézoïde, les réactions de Captain Marvel et de la Guêpe sont plus mitigées). Par petites touches, Stern donne également plus d'importance à Raymond Sikorski, le remplaçant de Henry Peter Gyrich en tant que liaison avec le gouvernement, et c'est assez savoureux car les méthodes des deux bureaucrates sont très différentes. 

Dans les #255 à 257, Roger Stern développe deux intrigues parallèles. Il y a d'abord la mission spatiale de Monica Rambeau, partie enquêter sur Sanctuaire II, l'ancien vaisseau de Thanos. Alors que Vision cherchait juste à l'éloigner, elle découvre que la structure est revendiquée par un groupe de mercenaires commandée par l'impitoyable Nebula, qui faisait ici sa première apparition. Dans sa situation difficile, Captain Marvel cherche alors à en savoir plus et elle découvre que le but de Nebula est de s'attaquer à ce qui reste de l'empire Skrull. 

Pendant ce temps, ses co-équipiers se rendent en Terre Sauvage menacée par le gigantesque extra-terrestre Terminus, créé l'année précédente par John Byrne dans les pages de Fantastic Four. Sauf que ce n'était pas le vrai Terminus (information que nous n'avions pas à l'époque... n'ayant pas tout lu, je n'ai donc pas tous les détails), mais un imposteur dans une réplique de l'armure, un être déterminé à collecter de la technologie céleste...et ce faisant, le monstre a ravagé la Terre Sauvage, en détruisant les générateurs qui contrôlaient le micro-climat de ce monde oublié. Les spectaculaires scènes de destructions se succèdent avant un combat finalement assez rapide (quatre pages !), le remplaçant de Terminus ne pouvant rien face aux efforts conjugués des Avengers...