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Critique de Soul Keeper #8

par Tampopo24 le mer. 3 mai 2023 Staff

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Requiem final !

Série très sombre, longtemps un peu bancale où l'auteur peinait à trouver son chemin, elle a fini par elle aussi, comme ses personnages, réussir à s'extraire de la mélasse dans laquelle elle était engluée pour nous offrir un final plein de réflexion sur la vie, la politique, notre rapport au futur.

Peut-être l'oeuvre la plus politique de Tsutomu Takahashi que j'ai pu lire, Soul Keeper semble enfin nous offrir quelques clés dans ce final richement mis en scène par l'auteur où il laisse éclater son talent graphique de noircisseur de pages mais également sa colère froide envers des pays pour qui le futur compte bien peu au final. Une vraie lecture coup de poing.

J'ai beaucoup aimé toute la diégèse autour de la politique, des hommes politiques, de la nation et de notre rapport de citoyens, de femmes et d'hommes, à tout cela. On découvre dans ce final combien Kubo représente toute notre défiance et notre colère envers la politique et les politiques, leur inaction, leurs mauvais choix, leur petite tambouille électoraliste, leur absence d'ambition pour le futur et j'en passe. Cela a littéralement rongé le personne et transformé en ce sombre médium qu'on connaît qui commet des ravages bouffés par cette noire colère. Ce fut vraiment très intense de décortiquer cela et de s'y confronter.

La réponse de l'auteur, c'est Kasuga, le premier ministre, cet homme autrefois comme les autres à qui les reproches sont faits, mais qui en apprenant que ses jours étaient comptés a changé du tout au tout et est enfin entré en action comme le peuple l'attendait, du moins la partie du peuple s'intéressant au futur de la planète et de ses enfants. Dans cet ultime opus, il a dégagé une classe folle, encore plus que précédemment et le trait hyper léché de l'auteur y contribue bien. Sa présence est happante, hypnotique, on ne peut que le suivre du regard et boire ses paroles. Mais celles-ci gagnent en profondeur en plus au fur et à mesure que le compte-à-rebours s'accélère et l'émotion nous gagne, comme lui. Il contient cependant tout cela avec force, malgré les drames personnels qu'il vient de vivre, car c'est pour le futur qu'il travaille.

L'auteur demande quand même quelque chose de conséquent à ces hommes et femmes en charge du pouvoir de la nation. Cela laisse songeur. Il a beau dire aux collaborateurs de Kasuga qu'il attend d'eux le même engagement, il me met mal à l'aise dans cet absolutisme qu'il exige dans leur engagement, comme si c'était à eux de tout faire et pas nous tous ensemble. Les politiques ont un rôle, certes, mais nous tout autant et parfois je trouve que c'est dit un peu trop timidement dans l'oeuvre.

En tout cas, la dramaturgie de cette fin est splendide, portée par des planches qui étreignent le coeur quand les deux antagonistes se livrent un dernier duel par l'entremise de Riyon, véritable ange gardien de leurs âmes à tous deux. J'ai été emportée par la beauté et la noirceur des pages. La mise en scène de ce combat aux dimensions mystiques fut fantastique. Cette mélasse poisseuse face aux rayons de la lumière de l'âme bienveillante fut entêtante et percutante. Et l'auteur a su montrer au final un grand talent de metteur en scène aussi bien dans la lutte que dans le deuil et l'abnégation. Son héroïne était fascinante dans ses combats, son héros classe lorsqu'il devait prendre la parole et agir, mais Tsutomu Takahashi n'a pas oublié non plus l'émotion brute dans les scènes banales du quotidien et nous a offert un dernier repas où l'émotion était à son comble avec fort peu de choses.

En bref

J'ai longtemps oscillé sur cette oeuvre, ne sachant qu'en penser, ne sachant où l'auteur voulait en venir. On est bien loin de ce que j'imaginais en débutant ma lecture mais j'en suis ravie. Ce final a su donner toute sa couleur à l'oeuvre et nous offrir un vrai beau message contestataire et d'espoir sur la politique, le futur et l'écologie. Cet artiste du noir et de la noirceur, nous a fait cadeau d'un final riche en couleur et émotion où j'ai été marquée par les destins de ses héros. Une très belle oeuvre humaniste.

8
Positif

Une oeuvre politique forte

Une expérience graphique immergeante et frappante

Un premier ministre à la classe folle

Un message intéressant sur notre rapport à la politique et ce qu'on en attend

Une belle dimension réel-écolo

Negatif

Une série qui s'est longtemps cherchée

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