« Homme libre, toujours tu chériras la mer »

Je trouve que ce vers de Baudelaire correspond particulièrement bien au destin d’Anne Bonny. Fille illégitime d’une belle histoire d’amour, fillette haute en couleur éprise de liberté, elle deviendra la femme pirate la plus célèbre de tous les temps. Cette histoire donne le goût de la liberté à « toutes les jeunes filles nées avec un regard libre et un cœur de pirate » (dédicace d’ Alessandro Ranghiasci).

J’avais déjà lu la biographie de Primo Lévy par Alessandro Ranghiasci et Matteo Mastragostino et elle m’avait beaucoup plu, c’est donc en confiance que j’ai commencé celle d’Anne Bonny. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue. Les dessins sont très beaux, j’aime beaucoup les traits crayonnés et tremblés des personnages. Ça m’a fait un peu penser au style de dessins de Joann Sfar. Les yeux sont malicieux et on perçoit très bien l’orgueil ou la roublardise des personnages dans leurs mimiques. Le personnage d’Anne, avec sa belle chevelure rousse, est particulièrement réussi et ce quel que soit son âge.

Côté scénario, je ne sais pas dans quelle mesure Matteo Mastragostino a respecté ce que l’on sait de la vie d’Anne Bonny ni ce qu’il a brodé autour mais c’est un plaisir à lire, un peu comme un roman d’aventures aux multiples rebondissements.

Anne Bonny est un personnage fier, fort, qui se laisse avoir par amour et par goût de la liberté. C’est une femme inspirante. Les autres personnages sont aussi très intéressants, modernes mêmes à certains égards. On retrouve le grand Calico Jack, le père d’Anne, qui plaque tout par amour, et son mari qui manipule la réalité. La biographie d’Anne Bonny c’est donc une belle histoire de femmes et d’hommes portés par leur rêves, leurs valeurs, leurs orgueils ou leurs égos.

Il y a tout du roman d’aventures dans la biographie d’Anne Bonny : des amours illégitimes, des personnages forts, un rapport à la loi ambiguë, des alliances et des trahisons. C’est passionnant et remarquablement mis en valeur par le trait crayonné et expressif de Matteo Mastragostino.