Epée et smartphone

Les titres humoristiques, avec moi, ça passe ou ça casse et ça casse plutôt deux fois qu'une. J'ai d'ailleurs eu une mauvaise expérience avec Elden Ring à côté duquel je suis totalement passée. Mais cette fois avec Le quotidien d'une épée maudite, le concept de la parodie d'univers de fantasy en mode "et si la technologie les avait colonisés" m'a totalement parlé !

Premier manga humoristique de Nikiichi Tobita, il est d'abord paru sur l'application numérique "Manga One" avant d'avoir sa version papier, ce qui a permis à l'auteur de le retravailler et désormais avec ses 11 tomes, il a vraiment développé son univers, un univers décalé drôle et imaginatif.

Les amateurs comme moi d'héroïc fantasy y reconnaîtront énormément de gimmicks. Tout démarre avec une épée à la Escalibur trouvé par une gamine qui se rêve héroïne dans un monde où les démons se sont rangés depuis l'apparition du numérique et autres gadgets électroniques. Partir à la chasse au démon est donc très compliqué. Heureusement car ce n'est pas avec une épée aussi étrange que celle-ci qu'elle aurait pu faire quelque chose. Le titre est donc un savant mélange entre les deux tonalités. 

J'ai beaucoup ri de la façon dont l'auteur s'est servi de notre modernité travestir un univers aussi classique. Les habitants sont ainsi eux aussi des accrocs à leur téléphone, aux réseaux sociaux, aux selfies. Ils courent après leur boulot. Certains vendent des objets magiques en enchères sur le net. Des démons tiennent des parcs à thèmes. Des héros tournent leurs aventures dans des films. C'est extrêmement bien fait et pensé, le délire est poussé loin.

Chaque chapitre met en scène une aventure de cette petite fille de 8 ans avec l'épée qu'elle a trouvée et le grand frère surprotecteur qui la couve. J'ai beaucoup ri de la caractérisation de chacun, ainsi que de leur amie d'enfance et des gens qu'ils croisent, enrichissant à chaque fois le délire. L'épée est fantastique avec cette vie qu'il lui donne jusque dans le dessin. C'est pétri d'un humour grinçant et désopilant.

Les scènes et situations sont variées en plus, reprenant des archétypes de la fantasy mixés avec des scènes banales de notre quotidien. On se retrouve ainsi avec un expert en mode "Affaire conclue", on les suit à la pêche, ils font venir des statues antiques pour réparer leur maison et j'en passe. Je me suis marrée. Après, j'ai quand même senti un petit essoufflement dans le dernier chapitre et j'espère que la série ne se contentera pas d'un côté catalogue mais fera quelque chose d'autre de tout ça au bout d'un moment.