Yo, Joe !

Dans les années 80, l'un des comics-books les plus populaires était une série Marvel inspirée par une ligne de jouets. Vu la réputation de ce genre de produit, il n'y a pas eu beaucoup de monde qui s'est bousculé au portillon pour l'écrire quand Hasbro s'est associé avec l'éditeur pour revitaliser ses figurines G.I. Joe. Le job est finalement revenu à Larry Hama, qui a incorporé au projet des éléments d'une proposition rejetée (Fury Force, dans laquelle le fils de Nick Fury aurait formé une équipe de commandos d'élite pour combattre l'Hydra). Larry Hama a eu carte blanche pour écrire la quasi-totalité des épisodes marvelliens de G.I. Joe et a été associé à la franchise dans ses relances diverses, jusqu'à l'historique #300 publié l'année dernière chez IDW

Larry Hama est donc étroitement lié aux aventures des membres de la force de frappe anti-terroriste de l'Amérique, un comic-book qui est devenu plus que la "pub pour jouets" grâce au style d'écriture de son scénariste qui a mis dans ses histoires une bonne partie de son expérience militaire. En France, seuls les deux premiers numéros avaient été publiés par Sagédition à l'époque de la diffusion du dessin animé (lancé aux U.S.A. un après la bande dessinée). Pour fêter le 40ème anniversaire, l'éditeur Wetta/Vestron a choisi de privilégier le format anthologique, piochant des épisodes auto-suffisants et des arcs narratifs tout au long des douze ans et des 155 numéros de la période éditoriale Marvel.

Cette décision peut avoir quelques inconvénients car si certaines histoires peuvent se lire indépendamment, Larry Hama a installé une continuité après une année de publication. Vestron a tout de même bien fait les choses puisque chaque épisode est précédé par un article qui remet bien dans le contexte. On commence donc naturellement par le #1, la première mission des Joe contre les forces de Cobra (le nom de l'organisation ennemie a été trouvé par Archie Goodwin). Une entrée en matière bien ficelée : le rythme est soutenu dès le départ, la présentation des personnages est rapide et efficace, l'action est musclée et la partie graphique est solide (l'encrage élégant de Bob McLeod rend méconnaissable le trait de Herb Trimpe).

Le #34 est un Top Gun avant l'heure qui se concentre sur un nombre réduit de protagonistes pour un affrontement aérien qui ne manque pas de suspense. Le G.I. Joe Yearbook #2 est un chouïa plus confus en mettant en avant la version soviétique des Joe, l'Oktober Guard. Mais s'il n'est pas facile de s'y retrouver dans tous ces nouveaux visages, les dessins de Michael Golden sont juste excellents, débordant d'énergie à chaque page avec une croustillante touche cartoony. Il y a ensuite le fameux épisode muet (le #21) centré sur Snake Eyes et Scarlett. Je ne suis pas toujours fan de ce genre d'exercice mais ici Larry Hama et Steve Leialoha ont su faire juste parler les images pour un résultat convaincant, avec un bon découpage de l'action. 

Le #60 est dessiné par la future star Todd McFarlane et n'est pas le meilleur segment de cette sélection car malgré le court résumé, je trouve qu'il ne tient pas vraiment en solo, sans les détails des événements qui secouaient la série au même moment...ce qui n'est pas le cas des trois suivants. Ainsi le #80, avec le bon duo Ron Wagner et Tom Palmer aux dessins, est une échauffourée tendue pour le contrôle d'un bout d'île, bonne démonstration du goût de Larry Hama pour les bastons explosives (avec de chouettes notes d'humour qui rappellent qu'il est difficile de se rappeler des noms de tous ces soldats). Des militaires qui en chient tout au long d'un parcours d'entraînement inhumain dans le #82 (dont les six premières pages ont été illustrées par Marshall Rogers)...et ils n'auront pas beaucoup de repos avant de devoir à nouveau se battre contre Cobra (contrairement au cartoon, il y a pas mal de victimes dans les pages de la bande dessinée)...

Cet album spécial 40ème anniversaire se termine avec le #152 (le comic-book Marvel allait bientôt être annulé), qui revient sur la création de l'unité G.I. Joe en s'intéressant au général Joe Colton (incarné par Bruce Willis au cinéma) en pleine séance de souvenirs de ses derniers jours au Vietnam. Si les dessins de Phil Gosier sont assez grossiers, Larry Hama signait là encore un bon comic-book guerrier.

Après cet album, Vestron a sorti une deuxième anthologie, le Maximum Action Super Special, qui regroupe des arcs de G.I. Joe consacrés aux personnages de Snake Eyes, Storm Shadow et Serpentor.




En bref

La partie édito est bien fournie, avec un long article de Fred Wetta sur les figurines G.I. Joe et les circonstances de la création de la bande dessinée Marvel; des présentations pour chaque épisode et des fiches de personnages écrites par Larry Hama.

7
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