Journal d’une thérapie

Bleu, c’est la représentation que l’auteur, Marion Nail, choisit d’elle-même. C’est aussi la représentation de sa dépression, une dépression post partum. C’est une dépression toute particulière parce qu’elle intervient à un moment où c’est plutôt de la joie que l’on s’attend à vivre, elle rend d’autant plus vulnérable les femmes qui la traversent et/ou leur entourage. Sur les conseils de sa thérapeute, Marion Nail utilise Bleu pour dire sa dépression, son mal être, ses doutes sans tabou. C’est touchant et juste.

Les dessins sont très simples, non figuratifs, ils sont un prétextes au discours, à la possibilité d’exprimer des émotions. C’est réussi : on peut percevoir le poids des valeurs ou des attentes sociales par la mise en page par exemple.

La BD est construite en deux parties inégales : il y a d’abord la parole d’une femme singulière sur la traversée de ce moment difficile de sa vie, sa dépression post partum et ensuite, la parole est donnée à sa thérapeute qui apporte quelques clés plus générales sur cette dépression particulière.

Pour l’auteur, cette œuvre est donc une mise à distance voire une sublimation de son vécu. Pour les lectrices et les lecteurs, notamment pour les femmes qui vivent une dépression post partum et leur entourage, ce témoignage, sous cette forme, peut être une aide à plusieurs égards. Cela peut permettre de se sentir moins seul.e face à son désarroi, cela peut rendre possible le fait d'envisager une porte de sortie. Peut-être que cela peut aussi donner l’élan nécessaire pour consulter un thérapeute ou demander de l’aide.

Cette BD a donc une double valeur : la transmission d’un récit intime sans tabou et une valeur pédagogique pour d’autres personnes se trouvant dans une situation similaire. Elle devrait trouver sa place dans toutes les salles d’attentes de sages femmes ou de gynécologues pour offrir un espace de parole aux femmes qui en ont besoin.