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Critique de Public Domain #1

par Le Doc le jeu. 25 mai 2023 Staff

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Tout cela est à moi...

L'histoire de la bande dessinée américaine ne manque pas d'exemples de créateurs spoliés, par des clauses de contrats qui ne leur laissaient pas grand chose ou par des associés qui tiraient un peu trop la couverture à eux. Un phénomène qui remonte à l'âge d'or des super-héros, ce qui est arrivé notamment à Jerry Siegel & Joe Shuster (les pères de Superman) et à Bill Finger (architecte de l'univers Batman) ayant été largement documenté. L'excellent roman de Michael Chabon Les extraordinaires aventures de Kavalier & Clay est basé sur ce sujet, livre qui a eu droit à une suite en bande dessinée avec Les Maîtres de l'Evasion scénarisé par Brian K. Vaughan. 

Scénariste prolifique (Batman et Daredevil chez les Big Two, Newburn et Stillwater chez Image...), le canadien Chip Zdarsky est aussi un artiste complet puisqu'il est seul aux commandes de Public Domain, sa nouvelle création publiée chez Image Comics après être passée par la plateforme Substack. Public Domain traite du thème évoqué ci-dessus en suivant une famille dont le père fut des décennies plus tôt le co-créateur d'un super-héros qui reste assez populaire pour être la vedette d'une série de blockbusters qui rapportent des milliards au studio. Mais le dessinateur Syd Dallas ne touche rien alors que son scénariste Jerry Jasper vit à l'abri du besoin grâce à un contrat en béton...ou peut-être pas car l'assistante du vieil abruti découvre un document au nom de Dallas qui pourrait bien changer les choses...

Public Domain débute comme une satire des milieux de la bande dessinée et du cinéma, avec des situations assez croustillantes et des dialogues qui ne manquent pas de mordant avec leur façon d'asséner quelques vérités sous le vernis du sarcasme. Mais la série de Chip Zdarsky est avant tout une histoire de famille, un microcosme vite attachant. Oui, même Miles Dallas, malgré son caractère, ses erreurs et son égoïsme. Son frère Dave est un "gros nounours" éminemment sympathique et malgré ce qui lui est arrivé, leur père n'a jamais perdu sa passion pour les comics  (la scène du cinéma, avec son sourire de grand enfant, le définit très bien).

J'avoue que je ne suis pas vraiment fan du style de dessins de Chip Zdarsky. Ce n'est pas désagréable, les personnages sont bien campés...mais je trouve aussi que son trait  est un peu raide et l'ensemble est souvent pauvre en décors (avec quelques effets de flou qui font cache-misère). Les qualités du récit font tout de même oublier ces réserves, grâce aux différents aspects de cette dramédie, à une galerie de protagonistes très bien développés (même ceux qui n'apparaissent que le temps qu'une ou deux cases peuvent sortir une réplique qui fait mal) et à une sincère réflexion sur la création dans un système cynique (la discussion entre les Dallas à la fin de l'épisode 4 est un très beau moment).





En bref

Après le très bon polar Newburn (également disponible chez Urban), Chip Zdarsky change de genre avec efficacité et signe une chronique familiale drôle, assez touchante dans son genre...et qui prend une direction intéressante à la fin de ce premier arc narratif...

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