Le début d'un mariage arrangé arrangeable

Dans un Japon historique semblable à l'ère Taicho, de puissantes familles aristocratiques dotés de pouvoirs surnaturelles contractent des mariages arrangés avec d'autres puissantes familles afin d' affermir leurs forces sur l'échiquier politique.

Notre pauvre héroine Miyo Saimori fait partie de l'une de ces puissantes familles mais elle est même le fruit d'un mariage arrangé dénuée d'amour. Suite à la disparition de sa mère, son père s'est remarié avec son véritable amour. C'est le début du calvaire pour la petite Miyo qui subira en permanence les méchancetés de sa belle-mère et de sa demi-soeur , sans compter l'abandon de son père. De plus, cerise sur ce bien larmoyant gâteau, Miyo ne possède aucun pouvoir surnaturel  a contrario de sa talentueuse et éblouissante demi-soeur Kaya. 

Son mariage conclu avec le puissant Kikoya Kudo de cruel réputation aurait pu achever la vie de la pauvre Miyo mais,contre toute attente, cette dernière découvre chez le jeune et beau aristo un être attachant et bienveillant. Finalement, ce mariage arrangé serait-il le début d'un conte de fées pour la douce et vulnérable Miyo ?

Assortie d'une très belle couverture aux couleurs fraiches de cerisier, My Happy Marriage est un très joli shojo de ce début d'année. Cette série est adaptée d'un light novel d'Akumi Agitogi et il est soutenu par le délicat dessin de Rito Kohsaka. Ce nouveau shojo des éditions Kurokawa est visuellement remarquable mais malheureusement il est aussi rattrapé par une histoire loin d'être incroyable. Une héroine vulnérable et désespérée, un beau "prince" d'apparence glacial mais d'apparence seulement, une méchante marâtre assortie de sa peste de fille...My happy mariage est une énième version d'un Cendrillon made in shojo qui débute de manière dramatique pour ouvrir la porte à l'espoir. 

D'une certaine manière, ce titre rappelle aussi La Princesse et la bête avec une histoire d'amour dépareillée qui se mue en véritable romance. On y retrouve cette thématique des apparences trompeuses par le biais d'un aristo froid et autoritaire qui est en réalité un être bienveillant. L'héroine Miyo apparait comme un princesse Sara totalement blasée de la vie, vulnérable et surtout très résignée. Elle est parfois un peu crispante avec son absence de combativité qui se manifeste par une suite de répliques pessimistes.

Mais ce n'est que le début car la relation évolue bien vite en attachement chez ce couple alors que de véritables sentiments viennent animer cette relation. My happy mariage pourrait détonner un peu avec son cadre historique et politique. Nous sommes dans un Japon qui s'ouvre sur l'industrialisation occidentale avec une petite touche de fantasy par le biais des pouvoirs surnaturelles mais ce cadre est pour l'instant exploité de manière beaucoup trop timide dans ce premier tome qui se contente surtout de présenter un interessant écrin tout en restant focalisé sur le couple émergent. 

Je passe sur le dessin de Rito Kohsaka qui délivre ici les belles qualités de cette série. Nous n'en attendons pas moins d'un shojo romantique qui assortie parfaitement beauté et mélancolie avec des personnages tout en finesse et quelques incrustations florales. Un style à fleur de peau tout  en douceur, classique mais toujours aussi agréable. On appréciera la subtilité du merveilleux peu présent mais qui peut promettre une belle esthétique pour la suite tandis que la dessinatrice se montre aussi adroite dans la peinture d'un Japon du début du XX ème siècle.