Moins ange que bête

Cela commence comme un Walt Disney. Dans une charmante forêt, Maman loup et ses louveteaux sont couchés. Elle, sourire bienveillant, les regarde affectueusement. Première planche toute en poésie, rapidement rattrapée par le bruit des armes des chasseurs de loup.

Une fois la chasse finie, repus de violence et de vin, le propriétaire du domaine, Monsieur Baron, essaie d’abuser de Maria, membre du personnel, qui se refuse à lui et le mord. Après le droit de cuissage, le droit de vie et de mort est pour le patron la continuité. Faisant suite à cet assassinat déguisé en suicide, le propriétaire chasse Maya, sept ans, la jeune fille de Maria hors du domaine et elle doit apprendre à survivre, seule, dans la forêt, aidée de loin par Markkus, le mécanicien de Baron.

A cette trame déjà complexe, vient s’ajouter le caractère particulier de Maya, proche et respectée par les animaux, qui détient un pouvoir complexe, hérité de sa mère et transmissible par morsure.

On passe alors d’un récit social, celui d’un propriétaire terrien ignoble, acariâtre, violent, menant sa maison et ses gens à la baguette, à un récit fantastique, où l’homme est en effet un loup pour l’homme, un loup dans l’homme.

C’est un récit magnifique. Dramatique, triste, mais magnifique. Et le dessin est à l’unisson dans ces nuits bleus et sombres, dans ces silhouettes vibrantes esquissées et ces yeux noirs si simples et si expressifs, qu’ils soient d’hommes ou de bêtes.

Est-ce une fable, un conte et si oui quelle en serait la morale ? « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ».

Un ouvrage vraiment exceptionnel tant au scénario qu’au dessin. Que je vous invite vraiment à découvrir.