Apprendre à s'aimer grâce au regard des autres

Le shojo romantique lycéen nous a habitué à bien des variantes. Celui autour de la mode est encore assez rare mais représente une veine qui me séduit beaucoup depuis Gokinjo et Paradise Kiss d'Ai Yazawa. C'est donc avec plaisir que je l'ai retrouvé ici dans un titre bien plus léger.

Toujours en cours avec 9 tomes au Japon, Sous ma muse ! est le premier titre de la jeune autrice Sato Ito et on peut dire que cela ne se sent presque pas ! En reprenant les codes classiques des shojos lycéens, celle-ci a su bâtir une histoire rondement menée avec des personnages gentils tout plein et un joli focus sur l'importance de se sentir bien dans sa peau.

En effet, si je ne l'avais pas lu, jamais je n'aurais deviné que c'était une première série. Avec une narration classique mais efficace, l'autrice nous met face à Chihiro, un jeune lycéen passionné de mode, qui aime créer ses propres vêtements. Cependant, il reste bien solitaire. Tout change quand par hasard il croise le chemin de Michi, une fille de son lycée qui semble on ne peut plus banale au milieu des autres, mais qui va déclencher un truc en lui au point de vouloir en faire sa muse.

On aurait pu craindre le développement scabreux et glissant, mais l'autrice en fait quelque chose de gentil et charmant. J'ai trouvé Chihiro mignon tout plein avec sa maladresse envers les filles, sa manie d'aller trop vite et de ne pas en dire assez. Michi, elle, est l'archétype de la lycéenne qui manque de confiance en elle et rougit à tout va, mais elle va prendre confiance petit à petit grâce à lui et au regard qu'il porte sur elle, se sentant à son tour belle. Les deux sont remplis de bienveillance. Il n'y a rien de malaisant entre eux au final mais juste une romance qui se dessine entre deux adolescents qui se sont trouvés et se font du bien mutuellement. 

Le thème de la mode et surtout du bien être perso, me parle. Je trouve ça chouette que l'autrice veuille faire prendre conscience à l'héroïne de ses qualités à travers le regard que Chihiro porte sur elle et les tenues qu'il lui offre, qui lui permettent de se révéler à ses propres yeux. Il n'y a pas la métamorphose d'un laideron en bombe, juste une fille banale qui réalise qu'elle a aussi des qualités. C'est mignon. Bien sûr, ça ne m'aurait pas déplu qu'on ait une inversion des rôles par exemple pour faire moins classique, mais ça passe bien.

En revanche, la narration est assez maladroite. L'autrice utilise grosse ficelle sur grosse ficelle. Cela commence avec leur rencontre fortuite lors d'une dispute en pleine rue qui n'en est pas vraiment une. Puis ça continue au lycée avec une rencontre qui tombe à pic. Leur rapprochement est bien trop rapide. Michi accepte tout trop facilement et comme par hasard, Chihiro qui a peur des filles n'a pas peur d'elle... Le petit twist final surgit lui aussi de nulle part, sans la moindre préparation. J'ai presque eu l'impression d'avoir sauté un chapitre. Et quand je vois qu'il reste autant de tomes derrière, la maîtrise du rythme par l'autrice me fait un peu peur...