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Critique de Distress #1

par Tampopo24 le mer. 21 juin 2023 Staff

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Mystère au pays des Algonquins !

Après les mangas avec le rachat de Vega, Dupuis se lance dans le webtoon avec cette nouvelle collection intitulée KFactory. Première oeuvre à parvenir jusqu'à moi : Distress est un objet fort sympathique qui permet de plonger dans la culture canadienne grâce à une intrigue mêlant fantastique et romance LGBT.

Pour Toth-M, l'auteur de ce webtoon, c'est une première. Première oeuvre publiée, première expérience du wbetoon en ligne sur webtoonfactory.com, pourtant il maîtrise fort bien le format. On peut dire que ce soit pour les dessins, les ambiances ou le rythme, qu'on ne ressent pas du tout que c'est une première oeuvre tant il gère bien les codes du genre, dans un récit qui se veut très entraînant. Même le passage du webtoon écran au webtoon papier a été très bien géré par l'équipe qui l'accompagne. Bravo.

J'ai beaucoup aimé aller à la rencontre de l'univers de l'auteur, sorte de Buffy des temps modernes dans une univers québécoise, à Montreal, avec un héros handicapé et homosexuel. L'auteur s'adjoint une ambiance estudiantine dans une histoire d'enquête sur une légende urbaine avec une créature rappelant les Wendigo des légendes algonquiennes. C'est une première pour moi en BD et j'aime beaucoup. Ça m'a plu d'avoir Montréal, le Québec et la culture de ses premiers habitants en fond, car c'est un décor rarement exploité. Je crois ne l'avoir croisé que dans le roman Widjigo d'Estelle Faye chez Albin Michel Imaginaire et tout comme l'autrice, Toth-M tente de lui redonner sa teinte d'origine et non celle que les colons lui ont attribué. D'ailleurs les encarts culturels entre les chapitres sont une très belle idée.

Distress #1

Le scénario, lui, est un peu plus classique dans ses ressors. On se retrouve avec un étudiant français, venu étudier à Montréal suite à un événement qui a changé sa vie. Inscrit dans une école de journalisme, il s'intéresse à une légende urbaine sur une sombre créature qui sévit dans la ville et profite d'un devoir pour mener l'enquête avec l'un de ses camarades à qui il force un peu la main. Entre eux, un jeu de chat et de souris va se lancer sans qu'ils s'en rendent compte et les mystères vont s'épaissir sur fond de critique sociale (sur les orphelins et les autochtones), d'insécurité urbaine (gangs et autres) et de légende ancestrale.

Les personnages sont eux-mêmes assez classiques. L'auteur reprend la dynamique d'un petit nouveau qui va agréger une bande autour de lui, avec deux copines et un gars solitaire. Lenny, le petit nouveau, a une jambe artificielle et une grande cicatrice suite à un accident. C'est un personnage lunaire et solaire à la fois, un peu foufou, qui rebondit toujours et ne démord pas de ses idées. Son binôme, Anoki, est un orphelin qui galère dans la vie et cache un lourd secret derrière ses longs cheveux, son mutisme et sa solitude. Il est passé de famille en famille et n'a plus trop confiance en l'être humain. Il fait donc un pendant idéal à l'énergie débordante de Lenny. Leurs deux amies Connie et Pam sont des chouettes filles sympathiques mais sont juste là pour combler l'arrière-plan de sa vie et fournir un groupe, une bande aux héros.

Les relations que l'auteur développe sont assez bateaux. Il y a même des maladresses dans la mise en scène de celles-ci avec des sauts assez malvenus pour montrer des évolutions, notamment entre Lenny et Anoki entre qui une amitié-romantique va naître. J'ai lu plus réussi ailleurs et je ne suis pas sûre que ce soit indispensable au récit. J'aime les romances mais je ne milite absolument pas pour leur présence à chaque coin de page, au contraire j'aime aussi les belles amitiés très fortes et c'est tout. Ici, j'ai trouvé ça naturel et en même temps un peu bateau.

Ce qui m'a vraiment intéressée dans le récit, c'est l'enquête de Lenny, les mystères d'Anoki et le trait d'union fait par la culture algonquienne, une culture si peu mise en valeur dans la littérature. Alors je pardonne aux maladresses de ce premier volume, ma foi fort efficace pour amorcer l'aventure, mais encore plein de mystères et de questions.

Distress #1

En bref

L'auteur a su se saisir d'un cadre original pour y greffer une histoire un peu banale mais entraînante grâce à un découpage rapide et efficace où les relations ne brillent pas mais créent un joli cocon pour développer ces mystères. Ce fut donc un joli début pour une première oeuvre.

7
Positif

Un cadre rarement vu : Québec et la culture algonquienne

Mystère, fantastique et légende urbaine

Une histoire entraînante

Negatif

Des ressors scénaristiques et relationnels un peu bateau

Des personnages secondaires fades

Une histoire qui démarre à peine

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