Un 2e cycle plus dur que le 1e

Comment un couple déjà âgé avec des enfants presque adultes décident d'adopter un petit yéménite de 10 ans, Wajdi. Sans doute se sont-ils cru plus forts mentalement et physiquement qu'ils ne le sont en réalité pour ne pas avoir mesuré les difficultés à venir. Wajdi ne parle pas le français et a un passé dur dans un pays en guerre. Les bons sentiments et l'aisance matérielle ne sont pas suffisants pour qu'une adoption se passe bien. À la fin du 1e tome, Wajdi fugue parce qu'il a compris que Gaëlle ne veut plus de lui. Après les horreurs de la guerre, le jeune garçon découvre la face noire de l'Occident.

Ce 2e cycle est un peu plus dur que le 1e. Cette fois-ci, les auteurs confrontent les lecteurs au fait que les bons sentiments ne suffisent pas à faire une bonne adoption. Face à un enfant qui ne peut pas s'exprimer dans une langue inconnue et qui a un lourd passé, les croyances en ses capacités de Gaëlle sont vite débordées. Ce n'est pas un bébé ou presque qui peut assez vite s'adapter à une nouvelle langue mais un pré-adolescent confronté à un monde inconnu dont il ignore les règles.

Zidrou doit être incroyable à rencontrer s'il est aussi optimiste dans la vie qu'il l'est dans ses récits. Il a l'air de croire vraiment aux bons côtés de ses personnages. Comme lui, je n'ai aucun doute sur les capacités d'adaptation des enfants, mais j'en ai plus sur la tolérance des adultes français à ce qui leur semble un échec! Gaëlle est plutôt surprenante dans son évolution et la découverte d'elle-même. J'ai adoré le personnage de la grand-mère qui a des idées claires et ne rêve pas. La responsable du dossier d'adoption est formidable aussi… et la femme de ménage également.

Les dessins sont toujours aussi doux et réussis que dans le 1e cycle. Arno Monin réussit remarquablement à transmettre les émotions des personnages via un regard ou un geste. La colorisation douce est parfaitement adaptée au récit.

Les auteurs annoncent un nouveau cycle qui se déroulera en Bretagne. Peut-être moins mouvementé cette fois-ci?

Une série à découvrir pour les scénarios profondément humains de Zidrou et les superbes graphismes d'Arno Monin.