Je suis devenue sauvage. Mais je ne pouvais échapper au rouge...
Si le format "à l'italienne" de Echolands, création des talentueux J.H. Williams III et W. Haden Blackman publiée aux Etats-Unis chez Image Comics, n'est peut-être pas très pratique à la prise en main, la vision panoramique qui caractérise la construction des planches propose une expérience de lecture étonnante, immersive et maîtrisée de bout en bout. La première page donne bien le ton : le passé de l'héroïne Hope Redhood (un dérivé du Petit Chaperon Rouge que J.H. Williams III avait imaginé dans sa jeunesse) se mêle à son futur dans une composition donnant un aperçu au combien pessimiste de ce qui va arriver. Le texte introductif parle de fuite, du contrôle difficile d'un pouvoir qui pourrait détruire le monde...des thèmes qui font partie intégrante du premier arc narratif...
Mais avant cela, il faut revenir en arrière, là où tout a commencé. Depuis sa jeunesse, Hope Redhood ne fait que courir et cette sensation de mouvement est très bien retranscrite par le dessinateur grâce à la place étendue dont il dispose. Hope s'enfuit, passe d'un endroit à l'autre sans que le regard soit perdu (le mien en tout cas), ce qui peut ressembler à un tour de force tant les designs sont complexes et extrêmement détaillés. Mais à une ou deux exceptions près, la lecture est fluide et l'aventure est portée par un véritable souffle qui se renouvelle au fil des chapitres...
L'intrigue est certes classique. Hope a dérobé un objet précieux au sorcier Teros Demond. Elle rejoint sa bande très hétéroclite et les voleurs deviennent les cibles de l'armée commandée par la fille du tyran. Le genre de pitch qui a servi de base à de nombreuses histoires. C'est par la richesse de son univers que Echolands se distingue. Un écho de tous les genres qui peuplent l'imaginaire de ses auteurs. Il y a du conte de fées, de la fantasy, du swashbuckler, de la science-fiction, du super-héros, du mecha, de l'horreur (souvent bien saignante) dans Echolands et sans que l'ensemble ressemble à un simple patchwork...
J.H. Williams III et ses collaborateurs Drew Gill et Dave Stewart ont donné une identité graphique différente à chaque monde visité et à leurs habitants (Jack Kirby est bien évidemment évoqué pour le Romulus aux faux airs d'Orion par exemple) et si j'avoue une petite préférence pour les monstres de Horror Hill (dernière étape de ce premier album) au splendide monochrome hérité des vieux longs métrages de la Universal, c'est l'album entier qui est une merveille visuelle, débordant de trouvailles qui servent parfaitement les péripéties racontées (la façon dont le serpent de mer est suggéré avant d'apparaître totalement en est une parmi tant d'autres).
Chaque chapitre est complété par des petits suppléments présentés comme des articles de journaux...des publicités, un strip et surtout une interview du despote Teros Demond par un journaliste qui arbore la même barbe broussailleuse que J.H. Williams III. Une bonne façon de développer l'adversaire en soignant sa caractérisation...
En bref
En bonus, J.H. Williams III nous dévoile tous les morceaux qu'il a écoutés pendant la longue production du bouquin (et la suite devrait prendre autant de temps), judicieusement intitulés les "sons de la création". Les couvertures régulières et variantes et plusieurs pages en N&B complètent la lecture de cet excellent premier volume.
Laissez un commentaire
Commentaires (0)