Une maladie effrayante!

Une étrange épidémie touche certains hommes qui se transforment peu à peu en statues de pierre : des moaïs. Une grande opération de déblaiement des statues a eu lieu pour dégager les maisons encombrées ou brisées par ces monstres de pierre. Certaines familles ont été soulagées, mais d'autres ont souffert de cette évacuation. Des dispensaires ont été créés où vivent ceux qui sont encore mobiles. Camille va visiter celui où son père survit.

J'ai trouvé cette histoire très originale. Les statufiés sont les hommes qui n'arrivent pas à exprimer leurs émotions, ceux qui croient devoir être les piliers de leurs familles, mais tous ne sont pas des machos. Gwenaël Manac'h montre bien le trouble de ces hommes qui assument sans doute trop de choses. J'ai beaucoup aimé le fait que les empierrés, pas encore devenus moaïs inertes, sont maintenus en vie par la valorisation de leurs qualités professionnelles même si leurs emplois sont bidons et consistent à manier leviers et boutons d'un tableau relié à rien. Une petite surprise dans les dernières pages agrandit le cercle de la réflexion sur le vécu des émotions.

Les graphismes sont sympathiques avec des personnages expressifs… un peu moins côté enpierrés. Mais l'auteur a réussi à rendre crédibles ces hommes en train de se statufier. Les maisons incluant des moaïs (voir couverture) sont plutôt impressionnantes.

Cet album m'a fait réfléchir sur les hommes que j'ai connus ou que je connais. J'ai réalisé qu'il y en a plein qui seraient atteints par l'empierrement. Mon père aurait été un bon sujet, quelques cousins ou neveux aussi. Côté féminin, j'ai eu 2 ou responsables qui auraient sûrement été touchées à force de se conformer à un modèle hiérarchique masculin et froid!

Un album très curieux mais particulièrement intéressant par les réflexions qu'il entraîne. À découvrir!