Le bateau de l’espoir

Pendant l’été 2022, Lucas Vallerie et Michael Bunel ont embarqué sur le Geo Barent, un bateau de sauvetage de MSF (Médecins Sans Frontières). Leur objectif était de suivre et de documenter deux rotations du bateau le long des côtes libyennes. Leurs travaux étant complémentaires, ils ont abouti à la création de ce livre hybride entre la bande dessinée, le reportage photo et le carnet de voyage. Amateurs de BD, attention, ceci n’est pas une BD ! Lucas Vallérie écrit des textes (en rouge) et alimente un blog BD. Michael Bunel écrit aussi (en bleu) et fait un reportage photo. Le résultat est parfois un peu redondant, le ton blog un peu déroutant mais là n’est pas l’important pour cette œuvre très intense. C’est une œuvre politique sur le travail de MSF, sur le traitement du sort des migrants, une réflexion sur l’accueil, un questionnement sur le sens des frontières.

Le début du livre sur le temps de préparation est très intéressant, on n’imagine pas la logistique qu’il y a derrière un sauvetage, c’est fou.

A quoi tiennent des vies sur la Méditerranée ? A une solidarité indéniable, à une organisation au top, à des femmes et des hommes qui font ce qu’il faut pour sauver celles et ceux qui risquent tout sur des embarcations de fortune à la recherche d’une vie meilleure. C’est cela qui est conté. Il y a beaucoup de portraits des sauveteurs et des rescapé.e.s, des témoignages, on passe du désespoir quand on arrive trop tard, quand des personnes sont déjà noyées dans la mer aux explosions de joie quand un port sûr est enfin trouvé pour débarquer. A l’heure où les migrants sont de moins en moins acceptés en Europe, où il est de plus en plus difficile pour les bateaux de sauvetage d’accoster dans un port sûr, Rescapé.e.s est un message d’espoir mais aussi un état des lieux des difficultés à surmonter pour secourir des gens en danger de mort.

Un pavé dans la mare pour rappeler l’urgence d’agir, de légiférer, trop de droits sont bafoués, trop d’humains sont en danger.